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Affichage des articles du mai, 2025

Nesles - Barocco

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Avec Barocco , son nouvel album qui vient tout juste de sortir,  Nesles poursuit son p'tit chemin singulier dans la chanson française, à l’écart des modes en suivant les failles humaines. Un disque dense, vibrant, profondément incarné, qui impressionne par sa cohérence et sa puissance émotionnelle au sens poétique : orfèvre du mot et sculpteur de mélodies, il y poursuit sa quête de vérité artistique, loin des projecteurs, près du cœur. Depuis quelques années, Nesles bâtit une œuvre à part, entre rock lettré et chanson d’auteur, nourrie d’un folk vif et d’un regard acéré sur le monde. Si ses précédents albums laissaient déjà entrevoir une voix forte et sans fard, Barocco (à la pochette magnifique)   franchit un cap : celui de la maturité artistique, certes, mais surtout celui d’un dépouillement essentiel. Car sous ses atours parfois orchestraux, l’album est avant tout une exploration des zones grises de l’âme. Le titre, Barocco, doit faire référence à l’adjectif italien qui ...

The End of the World

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Chantée à l’origine en 1962 par Skeeter Davis dans une veine country-pop, la version de la chanteuse et actrice Julie London  l'année suivante, prend une tout autre saveur : celle d’un chagrin nocturne, usé par les années. On n’est plus dans l’abandon adolescent, mais dans le désenchantement adulte. Il n’y a pas de cri ici, juste la douleur nue, retenue.. " Why does the sun go on shining ? " demande-t-elle, comme si l’univers avait manqué un rendez-vous avec sa détresse. Et tout est là. Ce décalage absurde entre la vie qui continue, implacable, et le cœur qui s’est arrêté. Les mots sont simples, presque naïfs. La musique est si douce et la voix de Julie London, dans son velours mélancolique, transforme les notes en poison lent. Les années passent, la chanson traverse le temps avec cette grâce fanée propre aux chanteuses nées pour apporter de l’élégance à la vie et y insuffler un peu de douceur par leur charme. Je pense aussi à Patsy Cline, à Nancy Sinatra, à Tammy Wynett...

Lucienne Chéenne - Larmes au poing (2025)

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J'adore ce genre d'écriture à cœur ouvert, comme si chaque chanson saignait à travers un sourire. Larmes au poing est un album de combat, mais un combat à hauteur d’homme, celui qu’on mène contre la lâcheté, le cynisme, l’oubli. Dix chansons portées par une voix rugueuse, trempée dans la houille du quotidien, traversée de colères justes, d’espoirs cabossés et de tendresses à l’arrachée. Je dis peut-être des conneries, mais je trouve qu'il y a du Lavilliers là-dedans, dans la sincérité principalement, pour le côté animal sensible, il y a du Daguerre aussi, dans l'odeur rock qui flotte dans l'air, mais c'est surtout du Chéenne que je découvre à travers ce nouvel album (son deuxième) : un artiste debout qui ne courbe pas l’échine, même quand l’époque souffle comme une bourrique. Il chante les cœurs sensibles cachés sous des armures de fortune. "Les pieds dans la glaise, le verbe en cavale", peut-on penser. Sa poésie est populaire au sens noble. Musicalem...

Raffut - Nocturnàlia (2025)

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Voici quelques mélodies qui sentent bon le soleil et les endroits sans frontières. Dans Nocturnàlia il y a cette beauté des disques qui respirent comme des songes, tout à la fois bruyants et limpides, frénétiques et tendres, tordus comme une lucidité insaisissable. Dans ce deuxième album, le trio affine sa langue, un dialecte fait de post-punk tendu, de poésie urbaine et d’horizons élégants. La musique de Raffut est comme une symphonie onirique. Dès le premier titre Cançon , je plonge dans les souvenirs d'une frénésie sudiste faite de couleurs, de chaleur, d'odeurs de vie. Les Toulousains m'embarquent dans ma jeunesse perpignanaise là où j'ai appris que pour nourrir une vie faut pas oublier d'inclure les citoyens des autres ethnies et surtout leur culture. La musique de Raffut fait sens à ces valeurs entre scansion incantatoire et exutoire cathartique. La basse claque, la batterie cogne sec, la guitare strie l’air comme une lame de lumière. Je pense aux Fabulous Tro...

Solaris Great Confusion x Original Folks - Vol.1 (2025)

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En douze titres boisés et hantés, Stephan Nieser alias Great Solaris Confusion et Jacques Speyser du groupe Original Folks nous offrent un disque collaboratif hors du temps, suspendu entre la ballade poussiéreuse et l’élégie post-apocalyptique. Ici, le folk est un refuge tout comme un mirage mouvant. Guitares acoustiques en fil d'équilibre, voix rugueuse comme un sentier abandonné, textes lunaires où se croisent moulins en cendres, chiens sans collier et lignes haute tension. Loin du revival rétro ou des poses de songwriters urbains, ce Vol.1  trace une ligne fragile et sincère dans le sable du présent pour apaiser un peu mieux ce quotidien. C'est une parenthèse à s'offrir, pour s'allonger n'importe où et regarder les quelques nuages danser dans le ciel bleu du printemps. C'est aussi un disque pour les solitaires, les rêveurs à la dérive, et ceux qui dansent encore pour taire le monde, faire leur monde. Dès l'ouverture avec The Uncertainty Principle , je s...

Fraxion + Betsch - Hiatus indéfini (2025)

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Ce n'est pas forcément le printemps - quoique c'est vrai qu'il vaut mieux passer son temps dehors que devant le pc à écrire des chroniques sur un blog - mais quelque chose fait que je n'arrive plus à avoir envie de quoi que ce soit en ce moment. Un passage entre deux saisons à négocier probablement. J'attends, j'écoute mon corps, je reprends cœur. J'ai bien deux-trois albums dans la sacoche qui me plaisent beaucoup, faut juste retrouver la motivation qui traîne quelque part. Puis y a des invitations qui tombent du ciel sans prévenir. Ça à beau me gonfler, mais y a parfois des trucs incroyablement chouette sur Facebook : dernièrement, Bertrand Betsch poste une photo qui annonce la sortie d'un énième album. Habemus BBam ! Illico presto je sais quoi faire. Je sais l'importance d'abandonner ce que l'on fait pour consacrer son temps à une œuvre de Bertrand Betsch. Enfin moi je sais. La musique comme un besoin. Et puis il annonce que dans cet albu...

Quinquis - eor (2025)

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Au creux du silence que je m'impose souvent, des musiques s'incrustent et s'imposent d'elles-mêmes. Avec son nouvel album, Émilie Quinquis pose des mots rares, des sons fragiles, des notes sensibles. eor n’est pas un disque qui cherche à combler, mais à révéler quelque chose. Quelque chose à puiser au fond de soi, à chercher dans nos vies d'auditeurs, un peu rêveurs, un peu flâneurs. Il ne remplit pas l’espace sonore, non, il le respecte. Il l’écoute et le laisse respirer, pour qu'on respire à notre tour. Une ancre parfaite pour ne pas chavirer. Tout ici est affaire de vide et de plein, d’attente et de disparition. De simplicité et de grandeur. Le son s’élève lentement, comme une brume marine qui gagne la lande, puis s’évanouit aussitôt, laissant dans son sillage une empreinte, un frisson. La poésie est partout autour d' eor . C’est une poésie habitée, vivante, nourrie par le vent, la mémoire, la mer. Je pense à Ouessant forcément, à ses falaises noires, à...

Chasseur - Nos vies en parallèle (2025)

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Avec Nos vies en parallèle , Chasseur confirme ce que son dernier album ( qui m’a fait découvrir son univers ) m'avait laissé entrevoir : un goût prononcé pour l’ombre lumineuse, une poésie des marges, et une maîtrise impressionnante de l’émotion contenue. Le Rennais livre ici un disque à la fois sobre et envoûtant, qui creuse le sillon d’une pop électronique élégante, mélancolique et profondément humaine parce que touchante. Dès les premières mesures de C’est comment qu'on sème ? l’univers sonore de Chasseur s’impose sans compromis : nappes synthétiques brumeuses, rythmiques languissantes mais précises, guitares réverbérées et voix douce, presque chuchotée. Je pense toujours à Daho dans cette façon de suggérer plus que de démontrer, d’installer un climat plutôt que de chercher l’effet immédiat, se laisser submerger lentement c'est terriblement plus sexy. Mais Chasseur ne se contente pas d’esthétiser la mélancolie : il l’habite, la travaille, la confronte à une écriture fi...

La sélection du mois / mai 2025

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 En sélectionnant le meilleur de la musique actuelle, je vous propose, tout au long du mois, une playlist 100 % découverte, composée de nouveaux titres et de clips inédits à ne manquer sous aucun prétexte. avec Bey . Simone d'Opale . HOON . Miira . The Doug . Mauvais Sang . Hologramme . Ginger Slam . Bénabar . Opus Méduse . Christian Olivier . Kloé Lang x Gisèle Pape . Ryder The Eagle . Ton Zinc . Dom Ferrer . BOPS . KCIDY . Kevin Olusola . Stërnn . Equipe de Foot . Folk Bitch Trio . Benjamin Biolay . Nicolas Dax . Leïla Huissoud . BRETONS . Amoure . FRAGILE . Aude Juncker . Djazia Satour . LemonRose. 30 - LemoneRose - Best Friend 29 - djazia Satour & PL Jamain - Ezzman Hadak 28 - Aude Juncker - Et alors ? 27 - FRAGILE - A Reason Why 26 - Amoure - Roland-Garros 25 - BRETONS - C'est un pays (cover Soldat Louis) 24 - Leïla Huissoud - A tes amours (lettres aux bâtisseuses) 23 - Nicolas Dax - Le sauvetage 22 - Benjamin Biolay - Adieu Paris 21 - Folk B...