Bancal Chéri
La récréation sonne pour Dimoné, Nicolas Jules, Imbert Imbert et Roland Bourbon. Dans la cour, les quatre copains comme cochons, vont se donner à cœur joie dans ce Bancal Chéri foutraquement réjouissant.
L'histoire raconte que la fibre est née entre les compères lors du spectacle collectif Boby Lapointe repiqué (Presque Oui, Yéti, Évelyne Gallet, Sarah Olivier, Jeanne Garraud et Patricia Capdevielle pour compléter la distribution) Deux dates de spectacles, pour finalement trois ans de tournée. Voilà Bancal Chéri : une cavalcade de quatre artistes aux courants musicaux différents mais pas si éloignés, offrant un univers électrique, effronté, libre, singulier, s'amusant des codes de chacun. Et une belle histoire d'amitié surtout.
Qu’est-ce que tu dis ? ouvre le disque éponyme, et vient titiller mes sensations avec un rock sixties à la Bikini Machine frétillant et une écriture fine, un délice de vocabulaire. Puis La barbe à papa vient joliment casser le rythme et montre l'authenticité du jeu avec les genres. Du plaisir à l'écoute, et vraisemblablement aussi du plaisir à jouer pour les musiciens. Oscillant entre jazz et chanson, Les épaules donne envie de se dandiner, quand Screamin Jay Hawkins m'enfonce dans un blues aux paroles cyniques, au chant salvateur et aux chœurs langoureux. Du plaisir à l'écoute. Je me répète ? Ah bon. Mais c'est tellement vrai, et c'est tellement bon. Chacun apportant sa folie, chacun apportant sa poésie, chacun faisant mon bonheur derrière le micro. Dimoné m'explose avec son délire dans L'habitude enfin, Imbert Imbert me fait chialer avec sa douce Quand tu dis non... Et quand les chanteurs ne chantent pas, les musiciens jouent. Un morceau instrumental comme Glass Glock déboule aux milieux des pistes pour apporter encore plus d'épaisseur et de claques dans un album qui en possède déjà pas mal. Ces petites piqûres de contrebasse dans la nuque... frissons assurés... Le reste de l'album se passe de commentaires tant il ne demande qu'à être écouté, dégusté jusqu'à la dernière note, jusqu'au dernier mot. J'apprécie tout particulièrement l’entraînante La Vienne et les Deux-Sèvres parce que d'une, sur une musique de Village Green des Kinks et de deux, le chant baladant de Nicolas Jules est un régal. Enfin, pour finir en apothéose et montrer que Bancal Chéri a pris tous les chemins possibles sans risques et périls, il y a une chanson dont je ne me lasse pas, en boucle et à fond dans le casque : Natanaé et son mélange d'intonations, de cris du cœur, de chants en langues araméenne, arménienne et comanche qui s’entrechoquent pour délivrer un morceau fort, inspiré, aspirant et transcendant : un grand moment ! Comme l'ensemble de ce premier album, qui j'espère en appellera d'autres.
Fantastique en puissance, Bancal Chéri fait assurément partie de ces projets parenthèse entre artistes, qui finissent par devenir indispensables, ceux qui ajoutent fièrement leur pierre à l'édifice de la richesse de la scène française. De l'émotion pure.
Tracklist
01 - Qu'est-ce que tu dis
02 - La barbe à Papa
03 - Les épaules
04 - Screamin Jay Hawkins
05 - L'habitude enfin
06 - Quand tu dis non
07 - Glass Glock
08 - Les tampons de ouate
09 - Numéro lose bis
10 - Petite tête
11 - Natanaé
12 - La Vienne et les Deux-Sèvres
13 - Mounak
14 juin 2018
Label Printival
www.facebook.com/bancalcheri
www.bancalcheri.bandcamp.com
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