Mon album-live préféré d'Hubert-Félix Thiéfaine

Tout a commencé suite à une longue, très longue réflexion.
Une amie revenait d'un concert à Amiens de la tournée Repuggled et elle avait postée son enthousiasme sur facebook précisant notamment la joie du public avec des Lalalala sur La fille du coupeur de joints.

Suite à ce détail qui m'a torturé l'esprit, je me suis tapé pendant quelques jours, toutes les versions live de la chanson indéboulonnablement culte du Jurassien, que ce soit sur un album ou par vidéos barbares visionnées sur Internet. Pas le moindre lalalala à l'unisson, mais que des ohoohohoh. Va savoir c'qu'il se passe en Picardie... (haha)

Tout ça pour rien, mais ça m'a quand même amené à la réflexion suivante (car j'aime faire des inventaires dans mon Pandémonium) : quel est l'album live d'Hubert-Félix Thiéfaine que je préfère ? Du moins, s'il fallait n'en retenir qu'un. Et le choix n'est pas si facile que ça, tant l'artiste a toujours était généreux en nous offrant des souvenirs audio de toutes ses tournées entre deux sorties albums.

Dans cette discographie riche, je compte quatorze albums live. Puis logiquement quinze si le prochain double Uplugged/Replugged qui va s'avérer excellent, viendra compléter cette belle collection.

Encore deux (tournées enregistrées) et le fou aura chanté dix-sept fois ?

Alors dans ma p'tite tête j'ai cherché.
J'ai sorti les vinyles, dépoussiéré les CDs, écouté Deezer. J'ai même retrouvé une cassette.
Et pendant plusieurs semaines, par-ci par-là je me suis replongé dans sa longue discographie live. Et ce fût un loisir délicieux de traverser les époques.

Dans ce capharnaüm de jouissance auditive, je me suis vite emballé. C'est vraiment pas facile.
J'ai donc fait preuve de discipline (puisque c'est un jeu). Donc en premier je me suis focalisé sur les pochettes. Parce que visuellement pour moi, et je crois comme beaucoup de monde, ça compte.


Sans réfléchir mon cœur se jette sur le Homo plebis ultimae tour de 2012 avec sa main sur le visage comme si elle était une entité à part entière qui lui absorbe l'âme. Une photo du génial Yann Orhan.


Celle du VIXI Tour XVII (photo de Yann Orhan également) pèse aussi un peu dans la balance de mon organe de cœur éponge. Son petit côté nostalgie/intime me touche avec ce regard vers le ciel.
Sans aucune objectivité, il est beau.

Et plus je réfléchis, plus je me dis que le "Merci d'être venus ce soir... si nombreux. Dans ce monde de désolation ça fait chaud au cœur. Et voici d'ailleurs une chanson pour nous remonter le moral..." de l'album des 40 ans de chansons sur scène (2019) était une idée originale, d'autant plus, un peu avant qu'un virus venait troubler nos vies. Puis sans y mettre son nom, n'est-ce pas là un moyen de rappeler aux médias qu'il n'a besoin de rien pour "vendre" ? 

Je m'emballe. 


Et si je disais finalement que ma pochette préférée était celle du Paris-Zénith ? Album/madeleine de Proust de la période charnière d'un grand enfant atterrissant dans un monde d'adultes et sauvé des eaux par de nombreuses belles découvertes musicales. Je découvrais à ce moment-là Mano Solo, les Têtes Raides, Reggiani, thomas Fersen et consorts... Je plongeais toujours un peu plus dans l'univers de Thiéfaine avec ce premier disque live que je me suis offert avec quelques pièces post-adolescentes. 


Donc Paris-Zénith de 1995 est le premier disque qui m'est venu aux oreilles. Alors il est sentimental. Mais Homo plebis ultimae tour aussi, puisque c'était ma première fois, physiquement, enfin. Desiderium aeternum... Les aléas de la vie... La dèche permanente, le mauvais moment au mauvais endroit, le peu d'informations sur les tournées à une époque sans internet... Si j'ai décidé de quitter ma Catalogne d'adoption pour amarrer sur les rives de ma Bretagne, c'était bien pour courir après des rêves comme celui-ci. Passé de Perpignan à Rennes, le grand écart culturel est une épreuve olympique. 


Voilà pour les sentiments.

Le moment tant attendu d'un concert, est bien entendu l'introduction de celui-ci en musique. (après l’inévitable passage à la buvette évidemment, puis la pause pipi indispensable). Quand les lumières s'éteignent, que la ferveur populaire monte et que la musique sonne le début des festivités. Frissons, frissons...

Et comme tout artiste qui respecte son public, on peut dire qu'Hubert-Félix Thiéfaine soigne ses entrées.

Mon attention se porte alors sur les introductions un peu "spéciales" à mes oreilles.
Qui dit événement exceptionnel dit musique grandiose : sur le titre Ouverture de l'album 40 chansons sur scène, j'ai mon poids de frissons qui se liquéfient dans mon corps à la 01:50. Bam, ces synthés qui annonce 22 mai... le public en fusion... Explosif ! Décollage dans la galaxie Thiéfaine !



Il y a aussi l'intro très cinématographique du Concert symphonique à la Maison de la Radio de 2016. Mais pour moi, dès qu'un orchestre symphonique est dans la place...

Puis les longues introductions. Sept minutes chacune pour :
L’ascenseur de 22h43, part 2 sur le Bercy de 1999.
Cabaret Sainte Lilith sur le Scandale Mélancolique Tour de 2006.
En remontant le Fleuve sur le VIXI Tour XVII de 2016.

Droïde Song sur la tournée Replugged de 2023. Introduction envoûtante, avec HFT qui chante dans l'ombre de ses musiciens qui ouvrent le spectacle, puis qui apparaît sous les halos de lumières à la fin de la chanson en retirant sa cagoule pour entrer dans l'arène... Fantastique ! Frissons ! Applaudissements ! Larmes aux yeux ! Libération des émotions !

Un peu plus de six minutes pour la fabuleuse version de Les dingues et les paumés de 1983 dans l'album En concert ,Vol 1. Ou le palpitant émouvant Petit matin 4.10 heure d'été pour six minutes et dix-huit secondes sous tension, à la Maison de la Poésie (scène littéraire) enregistré en 2015.

Cinq minutes et des poussières de grosses guitares rock pour Une ambulance pour Elmo Lewis ouvrant l'enregistrement au Bataclan de 2002 (pour citer ici cet album que je ne possède pas et qui n'est pas en ligne sur les plateformes de l'artiste).

Mais dans la série des longues introductions, Annihilation de dix minutes explose tout sur son passage. Du moins personnellement, ce titre me fracasse. L'ouverture monumentale pour le Homo plebis ultimae tour je le met souvent à fond dans le casque. Très souvent même, tant ce morceau est éprouvant, frappant, mental, apocalyptique, révoltant de poésie, déchirant, bouleversant...
Une mélodie qui s'approche de nous en crescendo,
des cris,
des yeux qui brillent,
des sourires,
un public qui ne fait qu'un,
un harmonica,
des applaudissements,
une guitare,
un déferlement de mots
et les maux qui s'évaporent
laissant place aux émotions
aux explosions

Qui donc pourra faire taire les grondements de bête
Les hurlements furieux de la nuit dans nos têtes ?
Qui donc ?


Si Annihilation occupe le sommet de mes émotions, j'ai quand même envie de croire que je pourrais choisir La vierge au Dodge 51 qui ouvre l'album Route 88. Parce que d'une : c'est la toute première chanson de HFT que j'ai découvert à l'âge de 14 ans, puis plus j'écoute ce disque, plus je pense que si je devais partir avec un seul album live dans la valise, ce serait celui-ci. 



Pour trois raisons, Route 88 me plait.
Primo, pour ce rock à la saveur des années fin 80 début 90. Deusio, la set-list composée de 17 titres est juste parfaite, et le chant de HFT emporte tellement haut. Tertio, pour cette sensation de m'y sentir comme si j'y étais par la communion du public sur cet enregistrement.


J'ai bien vite compris qu'une telle réflexion était casse-gueule. Chaque album apporte sa propre histoire selon les époques et selon les souvenirs personnels que l'on partage avec celui-ci. Il n'y aura jamais unanimement de meilleur disque, sauf pour les comptables et l’intéressé. Lui seul sera dire car lui seul était -et est- au centre de toutes ces scènes et au final, chacun de nous tiendra un disque amoureusement dans ses bras pour des milliers de raisons valables. C'est bien ça l'essentiel : ressentir ce qu'un artiste, aussi généreux qu'Hubert-Félix Thiéfaine, nous offre.

Si je ne change pas d'avis d'ici demain évidemment, je ne retiendrai pas un album mais trois, parce que la richesse de cette discographie me rend indécis (c'est normal non ?) :
- Routes 88, pour les trois raisons citées plus haut
- 40 ans de chansons sur scène, pour l'audacieuse tournée. Tout y était.
- Homo plebis ultimae tour, pour continuer à faire battre mon cœur quand je ferme les yeux et que je me revois dans la fosse...

Ça sera tout pour moi, et ça me va.
La valise est prête.
Merci Isabelle pour ton invitation involontaire dans cette agréable réflexion musicale.

Et avec tout ça,
je n'ai pas pu m’empêcher de faire une petite playlist de mes titres live préférés selon les tournées


www.thiefaine.com

40 ans de chansons sur scène - 2019
Live 78, bootleg concert de Lons-le-saunier - 2018
Concert symphonique à la maison de la radio - 2016
VIXI Tour XVII - 2016
En concert à la Maison de la Poésie - 2015
Homo plebis ultimae tour - 2012
Scandale mélancolie tour - 2007
Thiéfaine au Bataclan - 2002
En concert à Bercy - 1999
Paris-Zenith - 1995
Bluesymental tour - 1991
Routes 88 - 1988
En concert, Vol 2 - 1986
En concert, Vol 1 - 1983

Commentaires

  1. Heureuse et honorée d'avoir initié à moi seule tant de réflexion et un article sur ton blog, suite à une erreur de ma part et, ensuite, d'un peu de mauvaise foi amusée et assumée. Du coup je vais écouter ta playlist :)

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  2. Herve17/9/23

    Route 88 est effectivement un des meilleurs live de HFT, à mon avis. Y a quasi rien à jeter sur ce live, alors que tous les autres ont des faiblesses. Ceci dit le choix du live reste très subjectif. Le simple fait d avoir assister au concert peut favoriser une coute plus qu une autre. Par exemple, scandale mélancolique tour et son cabaret sainte lilith me plait beaucoup parce que je ai eu la chance d assister à ce concert (et aussi parce que j aime bien Yan Pechin le guitariste).

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  3. Anonyme29/3/24

    C.est. une histoire.de.pochette felix.thiefaine.hubert
    Et trougaga...

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