Bertrand Betsch - Kit de survie en milieu hostile (2024)

Je le savais, je m'en doutais.

Plonger dans l'univers musical de Bertrand Betsch, c'est s'aventurer dans un monde où les émotions sont sublimées, où ses mots, qui racontent nos histoires, nous accompagnent avec ses mélodies saisissantes vers des horizons infinis, là où mes rêves, mes envies, mes troubles et mes maux prennent vie. Pour toutes ces raisons, son Kit de survie en milieu hostile, est clairement son plus beau chef-d'œuvre. En ces temps difficiles, je pressentais qu'à la découverte de ce vingtième opus de l'artiste, j'allais être complètement bouleversé, et au fond, j'en avais vraiment besoin. Dix chansons, grattant sous l’écorce de nos carapaces, capturent l’essence même de l’existence humaine pour en extraire tout le mal et tout le bien qui existent, afin de se sentir terriblement vivant. Ressentir ces émotions, rien n'est plus beau lorsque la musique nous y autorise. En cela, l'univers de BB est une formidable main tendue pour ouvrir son cœur aux sensations. Les âmes sensibles s'y retrouvent, se reconnaissent dans cette nouvelle œuvre... Les mélodies, tour à tour envoûtantes et déchirantes, magnifiquement vêtues, enveloppent mes émotions les plus intimes, me transportent dans un tourbillon d'émotions où se mêlent la joie et la tristesse, l'amour et la douleur, l'espoir et le désespoir. Quelque chose valse en moi, quelque chose se transforme dans l'air quand le disque tourne et que les violons déchirent l'atmosphère. Chaque note résonne en moi comme une invitation à la réflexion, chaque mot comme une poignante méditation sur notre condition humaine. Il y a quelque chose de troublant dans ces dix titres que je ne refuse pas d'écouter. J'accepte cette confrontation avec mes propres vérités, mes propres peurs, mes propres doutes, mes propres désirs dans ce milieu hostile qu'est la vie.

Dès les premières notes du premier extrait et premier clip, Les grands voyages, je me suis dit – nous nous le sommes tous dit - que le prochain opus de Bertrand Betsch serait extraordinaire. Sensationnel. Époustouflant. Cette impression s'est confirmée avec le deuxième clip, Vienne la nuit et sonne l’heure, paru quelques semaines plus tard. Les éloges pleuvent depuis, et c'est amplement mérité. Les nuages sont lourds de superlatif, je marche sous les giboulées de mars, trempé, happé par tant de sensibilité et de justesse, ce disque est arrivé à point nommé… Je me suis laissé emporter, offrant mon âme à ces dix titres grandioses qui ne peuvent que me faire du bien, replaçant tous les maux qui font tituber mon existence à leur juste place. La vie est une Danse sous (une) avalanche, il faut savoir sauver sa peau. Il faut oser prendre des risques, il faut aller vers la joie. Quand le rideau tombe, on applaudit le plus beau ! Je tangue, je trébuche, je suis tout de travers et Bertrand Betsch m'envoie dans les hauteurs avec le dernier morceau sublime qui me fait chialer de bonheur : Vers la joie. Prendre de la hauteur c'est aussi embrasser un magnifique Amor fati à la Nietzsche dès le deuxième titre, une acceptation totale du destin malgré nos réflexions sur nos échecs, nos renoncements et nos erreurs (J'y pense et puis j'oublie, Nous n'avons fait que fuir...). Au milieu de l'album, l'auteur ose une incursion politique avec J'irai pleurer sur vos tombes, prenant le parti des perdants, des petits, des opprimés, presque dans une démarche empreinte de compassion où l'auteur rassemble également les exclus, y compris ces femmes d'un certain âge portant le poids du monde, comme évoqué dans Les chevaux de frise. Enfin, je chavire quand il chante l'amour et qu'on dirait du Miossec dans l'incroyablement beau Et toi que deviens-tu... Et toutes ses peines qui reviennent en boucle, semblent à chaque répétition un peu moins accablantes...

Je m'en doutais, mais jamais je ne me serais cru prêt à affronter cela, et pourtant, me voilà bouleversé par cet album que j'ai l'impression d'écouter depuis mille ans. Il suscite en moi une multitude d'envies. L'envie de me recroqueviller pour survivre, de hurler pour vivre, de laisser enfin couler les larmes en déposant véritablement les armes, l'envie de chanter à tue-tête avec l'auteur-compositeur-interprète. Il me donne envie de respirer l'air marin devant une mer déchainée, de m'asseoir au milieu d'un champ infini et de remplir mes poumons de printemps. J'ai envie d'écrire, de déverser comme toujours mes émotions sur des pages de poèmes sans prétention avant de remettre le nez dans les bouquins de Guillaume Apollinaire ou de Boris Vian. Bertrand Betsch m'illumine, que ce soit en pleine tempête ou dans l'obscurité. Il est une lumière à sa manière, avec ses obsessions, avec ses magnifiques chansons. Chaque morceau de ce kit de survie en milieu hostile peut être un phare dans la nuit, guidant nos âmes perturbées vers un havre de paix musical promis. Voilà un grand, un très grand, un immense album. Franchement.

Tracklist
01 - Les Grands Voyages
02 - Amor Fati
03 - Vienne la nuit et sonne l'heure
04 - Et toi que deviens-tu ?
05 - Danse sous avalanche
06 - J'irai pleurer sur vos tombes
07 - Les cheveux de frise
08 - J'y pense et puis j'oublie
09 - Nous n'avons fait que fuir
10 - Vers la joie

29 mars 2024
Microcultures Records


www.facebook.com/bertrandbetsch
www.bandcamp.com

Commentaires

Les articles les plus consultés du moment

Le temps qui reste de Serge Reggiani

La sélection du mois / octobre 2024

Mon p'tit loup (2024)

DANS MES ECOUTEURS

La sélection du mois / novembre 2024