Sans Voies - Le bonheur des tempêtes (2024)


Internet est un réservoir inépuisable de bulbes anxiogènes. C'est aussi un formidable outil pour se faire contacter et sortir un peu du marasme de cette époque étouffante. Je cultive mon bonheur comme je peux et parfois sans rien faire. Une graine m'est arrivée au creux de la main, un mail de Baptiste le chanteur, un extrait musical et voilà que le printemps fleurit dans mes oreilles.

"Le groupe fait de la chanson-rock, avec de nombreuses influences diverses et variées, des Têtes Raides à Thiéfaine, de Daniel Darc aux Cowboys Fringants" me dit-il. Tu me sors des noms comme ça et je suis comme un enfant devant une tablette de chocolat qu'on lui propose. Je ne dis pas non, évidemment. Je suis d'abord perturbé par les premières écoutes. La musique, l'univers, ça me parle énormément, et cette voix sublime, m'enchante mais me trouble également. Comme une sensation de déjà entendu. Pas désagréable, loin de là. Après plusieurs jours à me retourner le cerveau je finis par faire un lien, timide, une similitude infime avec la voix du chanteur d'un groupe qui a sévit dans la fin des années 2000 et que je pensais être l'avenir du rock en France : Un ange passe. Ma frustration de voir ce groupe déposer les instruments était immense à l'époque. Enfin bref, aujourd'hui je profite de cet amarrage entre ces deux époques pour retrouver le goût (que je n'ai jamais perdu) pour ce style de rock franc du collier, instinctif en découvrant ce nouvel album où il est possible d'attraper des bonnes ondes, de bonnes vibrations, des émotions et des sensations fortes, des réflexions indispensables. Le bonheur des tempêtes, est déjà un titre évocateur qui me parle énormément. A double sens, c'est le genre d'accroche qui invite à réfléchir sur le contraste entre le bonheur et les tempêtes, deux éléments souvent opposés mais qu'on peut considérer comme une invitation quand le bonheur peut parfois se trouver dans la capacité à surmonter les tempêtes, ou à l'inverse trouver de quoi respirer devant les éléments déchainés. Mettez-moi devant des grandes marées et je serais le plus heureux. On oublie trop souvent que le monde est en fête...
De la poésie. La poésie c'est aussi comme une quête intense et passionnée d'un amour profond, où l'absence est ressentie comme un feu dévorant, et où la présence de l'être aimé est le seul réconfort, un guide au milieu des tourments de la vie dans J'ai besoin et dans cette symphonie chromatique, les passions, les luttes et les rêves se mêlent dans le tableau vibrant La couleur de ton sang. Sans Voies cherche à percer l'essence commune qui anime nos vies et nos combats, tout en interrogeant sur la similitude de nos histoires à travers l'histoire et les échos de l'humanité. Je plonge dans cette première partie d'album jusqu'à me faire pincer le cœur avec le beau Où t'en vas-tu. Quand il est question d'adieux et de retrouvailles, de sentiments d'abandon et de perte, je cherche à trouver ma place dans cette narration émotionnelle complexe et changeante, marqué par le poids de mes propres souvenirs et la recherche de sens que m'offre ce titre poignant. Il y a Bienvenue en enfer aussi, très évocateur où la persévérance est vénérée malgré les défaites, marquant ainsi une entrée triomphante dans l'enfer par les sacrifices endurés, merci pour la poussière ! Enfin pour conclure, l'Adieu poignant et chargé de mélancolie, quand partir vers l'inconnu, laisser derrière nous certaines choses passées avec la douleur et la complexité de ce moment. Un truc qui me turlupine grave ces temps-ci. Ça fait du bien d'entendre en musique des paroles qui stimulent un peu nos réflexions perdues.

J'ai parlé de l'écriture magnifique de l'ensemble des titres ? Ah oui, je l'ai dit, alors je me répète juste pour le plaisir, c'est d'la bombe de poésie ! Extrait avec Douce France :

Ô toi ma France, ma douce France,
comme qui disait pays de mon enfance
qu’as-tu fait de cette chance ?
La lumière s’est-elle éteinte, le jour s’est-il envolé,
pour que tu nous barricades ainsi derrière des écrans grillagés.
Tu n’as rien de mieux à nous offrir, que ton progrès décadent et ton triste passé, dépassé ?
Rappelle-toi de ceux-là, de tous ceux là qu’on dit perdants,
qui ne sont rien et qui pourtant,
continuent de serrer les dents.
Sur le chemin que tu leur proposes,
ils continuent de voir des roses
de voir l’espoir, et les bras qui se tendent…
Et les écorchures de nos âmes qui attendent,
sur le chemin que tu leur proposes,
ils s’en iront, planter des choses.

Le Bonheur des tempêtes marque le premier album studio de Sans Voies, faisant suite à leur dernier EP autoproduit en décembre 2020. Un album qui nous propose de découvrir leur identité forte ou fusionne rock et saxophone dans une énergie captivante. Je ne suis pas fan de saxo en général, mis à part lors de ma période post-adolescente où j'écoutais du ska, ska-core, ska-rock et toutes sortes de fusions. Ici, je retrouve allègrement, ces petits plaisirs musicaux. Groupe de convictions, les paroles riches et réfléchies, explorent des thèmes variés tels que l'état du monde actuel, la tendresse absente, l'appréhension du futur et abordant des sujets tels que le racisme, l'espoir d'un avenir meilleur, et la nécessité de se lever et agir. C'est vibrant de couleurs et d'émotions, c'est vraiment un beau groupe qui fait du bien dans les oreilles et dans l'esprit ! Et pour faire écho à ce que j'ai dit un peu plus haut dans la chronique, aujourd'hui j'ai la sensation que Sans Voies peut devenir clairement un catalyseur de la chanson-rock française à venir. De part ce que le groupe propose, la voie leur est toute tracée !

Tracklist
01 - Le bonheur des tempêtes
02 - J'ai besoin
03 - La couleur de ton sang
04 - Douce France
05 - Relève toi
06 - Où t'en vas-tu
07 - Un tout dernier décembre
08 - Nos prisons
09 - Rue d'la marée
10 - Bienvenue en enfer
11 - Rappelle-toi
12 - Adieu

19 avril 2024
Association Cienne


www.sansvoies.fr
www.facebook.com/SansVoies

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