Soviet Suprem - Made in China (2024)

Soviet Suprem est une valeur sûre de plaisirs musicaux qui transcendent les frontières culturelles avec une audace et une créativité sans pareille par un mélange explosif de chanson française, de musique balkanique, de militaro-punk et de rap. Bienvenue dans cet univers satirique, dans ce monde alternatif où l'URSS aurait gagné la Guerre froide à travers la révolution du danceflour, une fête, une mascarade grand-guignolesque où les clichés de la culture soviétique sont détournés avec humour et intelligence, évidemment.

Le premier album L'Internationale (en chronique ici), sorti en 2014, a posé les bases du style unique de John Lenine et Sylvester Staline, suivi en 2018 par Marx Attack (en chronique ici), qui a confirmé que ce duo de génies était essentiel dans notre vie pour nous faire, d'une pierre deux coups, danser et réfléchir. En 2024, ils continuent de surprendre en montant cette fois-ci dans le train de l’orient extrême pour conquérir l'empire du Milieu.

Quand Soviet Suprem associe son art à quelque chose, ils le font avec une conviction totale. Il est impossible d'aborder ce nouvel album du groupe sans parler immédiatement de la puissance et du caractère débridé de cette œuvre. Il débute avec un magistral Made in China énorme. Le son est lourd, les beats sont organiques, ça prend, ça demande à pousser le volume à fond. Sylvester Stalying et John Leyang déboule et ça balance les claques. C'est la sortie qui m'a le plus pris au dépourvu par sa fureur pure classant Soviet Suprem parmi ces groupes dont l'œuvre puissante démarre à fond et de manière implacable, bombardant les auditeurs avec son intensité brute. De quoi (encore) soulever les foules en concert. Dès les premières secondes du deuxième titre Qui complote, il est clair que quelque chose de très spécial est en train de se préparer. On découvre vite comment nos 2 héros passent de Poutine à Xi Jin Ping, comment ils caillassent de Maïdan à Taïwan. On est là où la géopolitique fait la nique aux puissants, là où un bon coup de tête inhibe La course aux armements. Le rythme angoissant sur la destruction totale de l'humanité et l'on peut sentir le calme avant la tempête. C'est à ce moment précis que nous entendons le clic d'une envie de s'élever au-dessus de tout ce merdier, l'enfer se déchaîne, tout s'écroule, annihilant les attentes avec un mur de son qui remet le wokisme à sa place (Woke wok) et toujours empreints d'une légèreté espiègle, sans jamais se détacher des réalités qui nous entourent. Pas de prétention, vaut mieux en rire qu'en pleurer hein ? Soviet Suprem dénonce, et je veux dire dénonce comme il est pas assez fréquent d'entendre. C'est suffisant pour les aimer ou du moins d'éteindre sa télé et d'écouter de la bonne musique. Je découvre ensuite Ping Pong : c’est une dévastation pure, et à peine quatre minutes dans le disque, Made in China s'affirme déjà comme une force sans précédent. Du coup, La face, Mao... Avec autant de titres puissants, il y a un profond désir ici d’être réveillé de notre monotonie quotidienne pesante… de ressentir quelque chose et de savoir que c'est à la fois impactant et réel. Soviet Suprem se tord en quatre désespérément pour nous aider à attraper quelque chose de fort. Avec une production soignée, ni affilié à l'empire (musique commerciale) ni au milieu (rap de gangster) il oscille entre des climax écrasants et des hymnes émotionnels pour s’imposer comme indispensable, essentiel, sans garde-fous, sans contre-façons, avec rage, nous faisant vaciller au bord de l’émerveillement mental complet. Une putain de valeur sûre !


Tracklist
01 - Made in China
02 - Qui complote
03 - Woke Wok
04 - Ping Pong
05 - Coco
06 - La course aux armements
07 - Du coup
08 - Same same
09 - La face
10 - Tattoo
11 - Mao

20 septembre 2024
Poupaprod / Modulor

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