The Cure - Songs of a Lost World (2024)
Seize ans ! Putain seize ans que nous attendions - espérions - désespérions de voir The Cure nous offrir un nouvel album. C'est fou comme le temps peut filer… rendant ce désir de nouveautés presque insoutenable. Pourtant ça y est, depuis le 1er novembre 2024 Robert Smith et ses acolytes nous gratifient de Songs of a Lost World, une œuvre sombre, riche et inspirée, digne des plus grandes époques du groupe et qui est clairement destinée à marquer l'histoire. Ce quatorzième album arrive en même temps que cette période où le jour tombe plus vite. Tellement agréable de l'écouter en traversant la ville et qu'il fait déjà nuit. Quand trop de gens autour de moi râlent, je suis heureux, musicalement heureux. Le brouillard se lève en plus...
Depuis les années 80, The Cure a traversé les décennies avec une constance et une intégrité rare. Devenu un groupe iconique, presque intouchable, leur influence et leur autorité dans le rock n'ont cessé de croître. Robert Smith, figure paternelle du mouvement new wave, a su résister à l'usure du temps, contrairement à nombre de ses contemporains. Et, malgré quelques albums moins acclamés, The Cure a su maintenir une réputation scénique exceptionnelle, comparable à celle d'un Springsteen, avec des concerts généreux et des sets marathoniens. Personnellement, je ne sais plus quand j'ai découvert les originaires de Crawley mais j'ai cette impression romantique de les connaître depuis toujours. Comme c'est bizarre, moi aussi je suis de 1978. Cet album est donc une véritable épiphanie. Attendu comme une révélation, il marque un retour aux sources pour le groupe, avec une noirceur et une profondeur qui n'avaient pas été atteintes depuis Disintegration en 1989. Robert Smith, à 65 ans, nous livre ici une œuvre où chaque morceau est minutieusement ciselé, avec des introductions instrumentales longues, oniriques et hypnotiques. Bon sang que ce disque me rappelle à quel point j'aime cet humain, autant l'artiste que l'homme !
Des morceaux comme Alone qui débute l'album et Warsong me rappellent également les heures mélancoliques de Faith et Pornography (mon premier disque de quand j'avais quelques poils au menton). Et que dire de Drone:NoDrone, un morceau rock sublimé par les solos de Reeves Gabrel, ou encore des ballades sombres All I Ever Dream et A Fragile Thing qui résonnent comme un écho des années 80 et qui font tellement de bien quand elles pénètrent mon corps. J'ai droit de dire que j'ai une demi-molle en écoutant en boucle A Fragile Thing ? Puisqu'il s'agit d'une chanson de The Cure, je pense que je ne vais choquer personne. Émotionnellement dévastateur, on prend ce qu'on veut, ce qu'on peut, on prend tout si possible, tout ce qu'on peut, on fait ce que l'on veut avec. C'est frais, rien n'est réchauffé, ici tout est poignant, poétique, troublant, vivant ! Cet album, au-delà de ses compositions, est aussi le témoignage des épreuves traversées par Smith, notamment avec la perte de son frère évoquée dans le sublime I Can Never Say Goodbye. Quinze écoutes plus tard, je commence à réaliser que Songs of a Lost World est une œuvre dense, bouleversante, puissante et fragile à la fois, empreinte de mélancolie aussi, qui résonne particulièrement avec ceux d'entre nous qui ont vieilli en même temps que le groupe et perdu tellement d’illusions en chemin. L'album se clôt magnifiquement avec Endsong, une pièce testamentaire de 10 minutes, empreinte de mélancolie et d'une beauté crépusculaire, rythmée par la batterie, les nappes de synthés et un jeu de guitare magistral. Et si ce morceau magistral me dit que cet album devrait être le chant du cygne de The Cure à la façon d'un Bowie ou d'un Cohen, alors on ne pourrait que s'incliner devant tant de beautés sombrement touchantes mais l'aventure n'est pas terminée, je sais désormais ce que j'attends avec impatience en 2025…
Tracklist
01 - Alone
02 - And nothing is forever
03 - A fragile thing
04 - Warsong
05 - Drone:nodrone
06 - I can never say goodbye
07 - All i ever am
08 - Endsong
01 novembre 2024
Polydor
www.thecure.com
Commentaires
Enregistrer un commentaire