Boucan - Déborder

Il m'est passé pas mal de choses par la tête la première fois quand j'ai découvert et écouté cet album. En plus, le pitch annonçait "On est prévenus dès le titre de l’album : Déborder. Ça va déborder. Déborder des vases clos et étanches où, séparément, macéraient le rock, la poésie, le jazz, le punk, la vie, et le reste. Car Boucan brasse tout cela dans un bordel inspiré, jouissif et iconoclaste." Quelques mots qui ne m'ont pas laissé dubitatif, évidemment. 


Il m'est passé pas mal de choses par la tête le premier jour où j'ai écouté l'album en entier pour la première fois. Effectivement, Boucan brasse, ils ne sont que trois, mais ça fusionne de partout. Une trompette, une contrebasse, une guitare quand ce n'est pas un banjo, suffisent pour mettre le bordel dans ma tête. Parce que plus j'écoute l'album, plus je cherche un style, un sens à donner à cette musique, machinalement. Pourtant là, ça ne fonctionne pas. Boucan brouille, Boucan brille dans la confusion des genres pour ne proposer au final qu'un style, leur style que vous n'écouterez nulle part ailleurs. Bien sûr, vous trouverez une similitude avec un autre groupe, mais dans les dix secondes qui suivent vous vous retrouvez sur un autre chemin. Tu suis ? Parce que moi j'ai du mal. Mais j'essaye. Alors boucan punk ? Du punk oui, dans l'âme, du punk libre qui aime batifoler aux abords d'autres frontières musicales. Le rock pour son énergie et sa révolte, le jazz pour son swing et sa liberté, le bluegrass pour son élégance et ses caresses, la chanson française pour chanter, pour faire vivre la poésie, puis discrètement, quelques zestes de musiques latines pour la joie et ses sursauts enfiévrés. Pour le plus grand plaisir des mélomanes éclectiques. Dès le premier morceau Étrangler, la complicité musicale de Mathias Imbert (guitare ou banjo), Brunoï Zarn (contrebasse) et Piero Pépin (trompette) semble de tous les instants, nourrie par un bonheur à prendre des risques qui crève les yeux à l'écoute de ce grandiose morceau. J'exagère peut-être, mais c'est parce que je l'écoute beaucoup en boucle, et très fort dans le casque. Ainsi, c'est meilleur. Donc grandiose. Je n'exagère pas finalement. Puis si vous traînez sur internet et êtes follower auprès de grands spécialistes musicaux (les vrai), ils vous le diront que cet album fait partie des gros coups de cœur du moment. Donc en boucle, depuis quelques jours, c'est mon rituel. Jusqu'à donner la mooooooort... Il m'est passé beaucoup de choses dans la tête comme le fait de sourire niaisement à la découverte de Vent de l'Ouest, comme si Les Hurlements d'Léo faisaient un duo avec Ibrahim Maalouf. Ça sonne presque pareil, mais alors rien avoir quand débute Ha Ha Ha, un troisième super titre à la composition tantôt calme, tantôt explosive. Puis que dire de l'introduction instrumentale de Ça va déborder ? Me voilà emmuré dans un espace-temps vaguement mélancolique, où l’invitation à la rêverie est sidérante le temps d'une première phase de quelques belles minutes, jusqu'à ce que le groupe exhibe son talent dans une chanson capharnaüm de tous les chemins qu'ils s'amusent à emprunter. J'aime particulièrement la reprise Le temps de vivre (L'évadé). Oeuvre de Boris Vian magnifiquement mis en valeur par une mélodie envoûtante, une énergie qui respecte l'âme du poème et l'esprit de son auteur, un phrasé parfait. Enfin, un dernier véritable coup de cœur qu'est La question des secondes, qui conclut l'album dans un crépuscule de poésies... Cinq minutes trente-quatre secondes en apesanteur au dessus du monde. C'est tellement beau. Finalement, je ne vous ai pas réellement dit ce qu'il m'est passé dans la tête en découvrant et en dévorant ce disque, je préfère vous laisser découvrir ces plaisirs multiples par vous-même puisque c'est un premier album tellement intense...    


Bref, Boucan c'est une thérapie sonore qui met en transe par l’absence totale de barrières et de cases dont sa musique brille comme un drap onirique très vague, mais paradoxalement si précis, qu'on ne veut que s'enrouler dedans une fois qu'on y a goûté.

Tracklist
01 - Étrangler
02 - Vent de l'Ouest
03 - Ha Ha Ha
04 - Ça va déborder
05 - La météo des Météores
06 - Vive où tu vas
07 - Sèche à l'ombre
08 - Tereza
09 - Le temps de vivre (l'évadé)
10 - Ari Zone A
11 - La question des secondes

23 août 2019
Silenci / L'autre distribution


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