Jacques Higelin : Tombé du ciel

Je suis un homme ordinaire, mais quand arrive cette chanson (jamais par hasard) je suis tout sauf commun. Je crois que mon visage s'illumine de cette lueur musicale, une lumière qui ne vient pas du soleil, mais d’une voix qui m’enveloppe, celle de Jacques Higelin

Tombé du ciel s’élève comme un souffle dans l’air. Les premières notes s’immiscent sous ma peau, et tout ce qui pèsent sur les épaules disparaît, s’évapore comme une brume matinale. Parfois je ferme les yeux, laissant la mélodie se mêler à la danse du vent. Parfois je regarde les étoiles s'il fait nuit. Je regarde vers les cieux dès fois que… un chanteur de charme ou un pot d’fleurs… Les mots, ces mots, s’accrochent au cœur comme un poème ancien que j'aurais toujours connu sans jamais l’avoir appris.

La gravité s’éloigne, comme si Higelin me tendait la main pour m’arracher au sol. Je ne suis plus assis, je plane. Amoureux. Les souvenirs, les regrets, les doutes, les erreurs, les chagrins s’effacent, balayés par cet hymne à la chute et au vertige. Ce n’est pas une descente, c’est une ascension à rebours, un retour à l’essentiel d'un cœur qui bat.

Voilà de quoi faire dessiner sur mon visage de clown triste un sourire qui ne se calcule pas. Ouais je sais, c'est cucul mais je me vois moi-même à travers la chanson : un funambule maladroit, oscillant entre le ciel et la terre, mais heureux d’avoir au moins osé poser un pied sur le fil. Le ciel ne me fait pas peur, je le contemple avec la sérénité de celui qui accepte l’impermanence. Surtout si un coucher de soleil danse derrière un ballet de nuages, c'est encore plus beau.

Quand la chanson s’achève, un silence intense lui succède, comme si le monde, que dis-je, la vie entière retenait son souffle. Moi je suis très loin, je suis très haut. Je suis ailleurs, je suis partout. Comme à chaque fois que j'écoute ce titre immense je sais et je me le répète toujours que tomber du ciel, c’est apprendre à voler.

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