Lucienne Chéenne - Larmes au poing (2025)

J'adore ce genre d'écriture à cœur ouvert, comme si chaque chanson saignait à travers un sourire. Larmes au poing est un album de combat, mais un combat à hauteur d’homme, celui qu’on mène contre la lâcheté, le cynisme, l’oubli. Dix chansons portées par une voix rugueuse, trempée dans la houille du quotidien, traversée de colères justes, d’espoirs cabossés et de tendresses à l’arrachée.

Je dis peut-être des conneries, mais je trouve qu'il y a du Lavilliers là-dedans, dans la sincérité principalement, pour le côté animal sensible, il y a du Daguerre aussi, dans l'odeur rock qui flotte dans l'air, mais c'est surtout du Chéenne que je découvre à travers ce nouvel album (son deuxième) : un artiste debout qui ne courbe pas l’échine, même quand l’époque souffle comme une bourrique. Il chante les cœurs sensibles cachés sous des armures de fortune. "Les pieds dans la glaise, le verbe en cavale", peut-on penser. Sa poésie est populaire au sens noble. Musicalement, c’est simple, sans vernis, efficace. Les guitares dansent, le piano étreint sans prévenir, la batterie caresse, mais c’est la voix qui guide, la voix, les mots et les histoires que j'aime écouter. Puis en approfondissant l'univers du Nantais, je découvre avec joie qu'il est cité dans le Noir total de Kiemsa, un feat sur le titre Les chiens avec son ancien groupe Chéenne de vie… ce disque live je l'ai épuisé à force de le faire tourner et je suis content de pouvoir mentionner les Mayennais sur le blog.

Après une première écoute pas plus convaincante que ça, ce n'était peut-être pas le bon moment pour un rencard musical nous deux, j'y suis revenu, poussé par quelque chose que je n’arrive pas à saisir et je redécouvre les titres que j'ai fini par aimer, vraiment. Il y a Derrière l'amour d'abord, qui m'émeut, puis la sublime Le règlement de compte qui me donne l'impression de découvrir une nouvelle voix venue du bar du coin et surtout du cœur, dans une tradition de la scène française (alternative j'oserai penser) qui ne se perd jamais tant qu’elle trouve toujours de nouveaux poings pour porter les larmes. J'aime aussi Nantes et son côté jazzy, Sauvage ennui se laisse écouter profondément et j'y retourne tant les paroles reflètent mes histoires d'adolescent. Enfin je ne peux passer à côté du titre Les écorchés sans l'évoquer ici… Je ne serais pas étonné que Lucien Chéenne soit un enfant de Mano. Un petit peu quand même non ? Lui aussi distribue de la tendresse comme une claque qui réveille et gronde comme un poème en colère, aussi urgent qu’un cri dans le vide. Un amoureux des mots, l'écriture est séduisante, touchante. Voici un album de plus comme un pavé dans la mare tiède de la chanson française, un disque difficile à catégoriser tant il est riche, tant il est à écouter l'âme ouverte pour desserrer le cœur quelques instants...

Tracklist
01 - Hôtel
02 - Je suis une fille
03 - Les écorchés
04 - Derrière l'amour
05 - Le règlement de compte
06 - Crachés dessus
07 - Vautour de mes bras
08 - Moitié des vacances scolaires
09 - Nantes
10 - Sauvage ennui

11 avril 2025
Flower Coast

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