Solaris Great Confusion x Original Folks - Vol.1 (2025)

En douze titres boisés et hantés, Stephan Nieser alias Great Solaris Confusion et Jacques Speyser du groupe Original Folks nous offrent un disque collaboratif hors du temps, suspendu entre la ballade poussiéreuse et l’élégie post-apocalyptique.

Ici, le folk est un refuge tout comme un mirage mouvant. Guitares acoustiques en fil d'équilibre, voix rugueuse comme un sentier abandonné, textes lunaires où se croisent moulins en cendres, chiens sans collier et lignes haute tension. Loin du revival rétro ou des poses de songwriters urbains, ce Vol.1 trace une ligne fragile et sincère dans le sable du présent pour apaiser un peu mieux ce quotidien. C'est une parenthèse à s'offrir, pour s'allonger n'importe où et regarder les quelques nuages danser dans le ciel bleu du printemps. C'est aussi un disque pour les solitaires, les rêveurs à la dérive, et ceux qui dansent encore pour taire le monde, faire leur monde.

Dès l'ouverture avec The Uncertainty Principle, je sais que les titres qui suivront vont m'embarquer à la lisière du réel, là où la lumière vacille. Je songe à l'invitation de Eddy Werder ou celle des Rennais de Santa Cruz parce que la musique de Great Solaris Confusion s’inscrit dans une tradition pop-folk mutante, nourrie autant par le classicisme américain que par des formes plus expérimentales. Cette musique ne fait pas que raconter, elle suggère. Pour l’adhésion, elle tend la main à qui veut bien l’écouter jusqu’au bout. Ces temps-ci j'aime l'écouter le matin, assis dans le train, le regard qui s'abandonne sur les champs ou le soir dans le sens inverse, la fatigue sur les épaules. C'est toujours agréable. Remarquable même, comme la reprise étonnante de Believe de Cher. Une nouvelle version étonnamment belle, apaisante, enivrante, aspirante. J'ai envie d'aimer le monde, Je crois en la lumière après les ombres, en l’élan du cœur qui renaît plus fort. Rien ne peut briser celle ou celui qui choisit d’y croire encore… The Wild Kindness me donne envie de voyager, tout comme Come What May, Elementary, Hurry Young Man, Dream Lover de Bobby Darin par Original Folks (dont je découvre l'univers) la nature n'est jamais loin comme le suggère la pochette signée Ayline Olukman, somptueusement explicite. Ce disque est cinématographique, il propulse des images par ses mélodies envoûtantes, ses chants invocateurs, ses titres organiques, intensément vivants. Autour des guitares, claviers de Stephan Nieser et Jacques Speyser on retrouve également Yves Béraud à l'accordéon, Élise Humbert  au violoncelle, Oliver Schneider à la basse, Jérôme Spieldenner à la batterie et aux percussions et Aurel Troesch aux guitares.


Vous l’aurez compris, Vol.1 n’est pas simplement un album, c'est un split authentique porté haut par l'amitié autour de musiciens talentueux, c’est aussi un moyen puissant pour l'auditeur qui cherche l'évasion. Une lande sonore pour celles et ceux qui avancent à tâtons, le cœur grand ouvert et l’âme un peu cabossée. Solaris Great Confusion et Original Folks y dessinent des chemins de traverse avec une grâce pudique, entre clarté et vertige. Un disque pour ralentir, pour sentir, pour rêver à nouveau. Pour se souvenir que la beauté par la musique persiste, même fragile, même enfouie. Bien, bien, bien, vivement un volume 2 pour prolonger le plaisir.

Tracklist
Face Solaris Great Confusion
01 - The uncertainty principle
02 - Pat answer
03 - Come what may
04 - Life is constant evolution
05 - Believe (Cover Cher)
06 - The wild kindness (Cover Silver Jews)

Face Original Folks
07 - Games of love
08 - Elementary
09 - Dreamlover
10 - Near the limits
11 - Hurry young man
12 - World of you

02 mai 2025
Médiapop Records
Broken Obstacles Records / L’Autre Distribution


www.solarisgreatconfusion.bandcamp.com
www.originalfolks.bandcamp.com

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