Bells Larsen - Blurring Time (2025)

Voilà de quoi naviguer délicieusement entre folk, indie lo-fi, ballades acoustiques, sur des flots tranquilles aux paysages sonores délicats qui laissent retomber la tension du moment. Je pense à l’intimité d’Elliott Smith, à la précision émotive de Sufjan Stevens, ou aux balades cristallines d’Adrienne Lenker, pour vous situer. Mais le plus simple reste de découvrir l'album par vous-même. 

Les guitares effleures, les harmonies sont sensibles et nulle surenchère dramatique par ici. Neuf titres qui apportent des moments de solitude et s'ensuit en cascade dans mon casque bluetooth le doute, puis la maladresse, la nostalgie, et comme dans toutes les boucles de la vie, la musique me remonte physiquement et émotionnellement vers le désir, la quiétude, l'apaisement. Je découvre Might par hasard, un vendredi soir dans le train qui m'amène vers le repos d'un week-end que je veux léger. Cette musique est donc parfaite, atmosphère touchante, et pochette à la fois intrigante, fascinante, artistique, qui raconte tellement de choses dans un cœur ouvert. Le titre Might mêle les peurs, les interrogations autour de l’identité, du corps, du changement mais ce sont les mots dansants des chansons en français qui m'emporte le plus dans le plaisir auditif. 143 est sublime. Calme incertain pour un calme troublant. J'aime cette délicatesse, j'aime ces voix masculines et féminines qui se répondent, s'entrelacent comme dans The Way the Wind Blows créant des instants d'écho émotionnel forts. J'aime cette intimité qui semble être nouvelle pour Bells Larsen d'après ce que j'ai lu rapidement et je découvre un univers musicale magnifique mais aussi une poésie bilingue sensiblement belle. L’équilibre entre douceur et dureté autour d'une production minimalisme qui sert le propos est d'une  franche réussite. Au-delà de la musique elle-même, cet album est un geste politique, une prise de parole sur ce que signifie habiter un corps en transition, sur ce que c’est de naviguer dans des identités en train d’émerger. C’est aussi une invitation à accepter le flou temporal et identitaire, à faire le deuil de ce qu’on était sans renier ce qu’on est devenu, à reconnaître que l’on porte en soi plusieurs temps, antérieurs, présents, à-venir.

Un album pour les moments de calme, les vrais moments de poésies, les moments simples, ceux après et avant les tempêtes, pour les heures tardives, pour les routes longues, pour les regards qui ne demandent qu'à se perdre vers l’horizon. J'en suis fan. Amoureux. Admiratif. 


Tracklist
01 - Blurring Time
02 - 514-415
03 - The Way the Wind Blows
04 - Calme Incertain
05 - Questions
06 - My Brother & Me
07 - Composured Veneer
08 - 143
09 - Might

25 avril 2025
Royal Mountain Records

www.bellslarsen.com
www.facebook.com/bellslarsen 
www.bellslarsen.bandcamp.com/album/blurring-time

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