François Puyalto - Malrevert (2025)

Un soir, ou plutôt une nuit, vers minuit ou une heure du matin. Une de ces heures suspendues où le monde dort, et où je reste, moi, éveillé. Pas vraiment une insomnie, mais un plaisir de rester éveillé en bonne compagnie. Parce que ces moments deviennent souvent propices à des découvertes musicales pour de beaux voyages immobiles. Alors, casque sur les oreilles, j’ouvre une fenêtre vers un ailleurs, pour qu'une  musique opportun au moment apaise les voix tournant sans fin dans ma tête, tel un jukebox d’images et de mélodies dans une tornade d'émotions.

Cette nuit-là, c’est François Puyalto qui m’a tenu compagnie et son nouvel album Malrevert où bassiste, chanteur, guitariste, arrangeur, il change de costume avec toujours le même savoir-faire. Accompagnateur d'Emily Loizeau, de Sanseverino, de Lembe Lokk, il s’avance ici en solitaire avec un album intime, doux, évadant où l’artisan du son se fait poète d'un refuge. Malrevert c’est le nom d’un lieu, quelque part sur le plateau ardéchois. Un lieu réel et symbolique pour le chanteur. Un espace pour respirer, se retirer du vacarme du monde sans pour autant lui tourner le dos. Puyalto y compose avec Antoine Sahler à la réalisation, un disque à la texture singulière, fait de bois frappés, de cordes caressées, de souffles et de belles vibrations. Une œuvre cousue main, où chaque note semble venir du cœur d’un atelier secret. Et tandis que les morceaux défilent, tous aussi marquants les uns que les autres : son amor fati dans Trains, Rue de Belleville sur le temps qui passe, Everest, Anormal sur la crainte de la fin de notre monde, mais aussi le tendre J'oublie sur le miroir fendu de la mémoire. En découvrant cet artiste, par moments, je me dis que nous sommes tous un peu comme le chanteur que l'on écoute. Que nous sommes des passants dans la vie des autres, des explorateurs hésitants à la recherche de sens. Chez Puyalto, le monde est parfois rude, dissonant, menacé, mais jamais totalement perdu. Il y a toujours un éclat de tendresse, un sourire, une flûte de Jocelyn Mienniel qui s’élève, une voix qui se fissure dans l’émotion ( la fin de J’oublie est magnifique... et je crois que c'est signée par Lucrèce Sassella), comme pour rappeler que la fragilité est vraisemblablement notre dernier refuge pour se protéger. Au même titre que la poésie. À une heure du matin passé, j’ai fini par m’endormir. La musique s’était apaisée, le monde aussi. Et je me suis rendu compte que oui, Malrevert est un album-abri qui console, où l’on observe, où l’on rêve encore même sans forcément s’en rendre vraiment compte. C'est quand ils apportent quelque chose comme ça que je reconnais les chouettes albums. 

Tracklist
01 - Trains
02 - Big Flaque
03 - Père Mère
04 - Rue de Belleville
05 - Où tu veux
06 - J’oublie
07 - Juste une histoire
08 - Lutte des classes
09 - Paul-Émile Victor
10 - Anormal
11 - Everest

10 octobre 2025
Le Furieux Music

www.facebook.com/francois.puyalto

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