Renaud - Molly Malone : Balade irlandaise (2009)

Avec Molly Malone : Balade irlandaise, le titi parisien nous entraîne loin des faubourgs de Paname pour une évasion sur les terres celtes. Cet album, sorti le 23 novembre 2009, est une parenthèse thématique dans sa discographie, offrant 13 adaptations en français de chansons traditionnelles irlandaises et anglo-saxonnes.

L’Irlande, putain… Rien que d’y penser, j’ai la Guinness qui me chatouille le gosier et les Pogues qui me sifflent dans les oreilles. C’est un pays qui sent la tourbe, la pluie fine et la révolte jamais éteinte. Un pays où même les pierres ont des choses à exprimer, où chaque bistrot est un parlement et chaque chanson un manifeste. Ce qui frappe d'abord dans ce disque de chevet, c'est bien sûr la voix de Renaud. Cassée, rocailleuse, elle est loin de la clarté de ses débuts, mais paradoxalement, elle trouve ici une justesse poignante. Plutôt que de la déplorer, on la perçoit comme un instrument qui colle à merveille à la mélancolie et à la rudesse des thèmes irlandais : l'exil, la misère, l'alcool, mais aussi la camaraderie et l'amour du pays. Cette voix, c'est celle de l'écorché vif, celle qui sent la bière ambrée et le tabac d'un vieux pub de Dublin, conférant une authenticité brute aux récits. Dublin, j’y ai baladé ma carcasse deux fois d'abord en 2007, puis de passage au milieu d'une vadrouille entre Cork et Belfast en 2012. J’y ai laissé des bouts de mon âme entre deux pintes et trois inspirations devant ces paysages à couper le souffle. Alors, quand Renaud sort Molly Malone entre mes deux expéditions, ce n’est pas juste un disque que j’écoute, c’est un hommage que je fais vivre en moi, qu'il chante pour moi. Je prends ça comme un coup de chapeau aux marins, aux poivrots, aux rêveurs et aux damnés qui peuplent les ballades irlandaises. Des chansons qui puent la vie et la mort, la rage et la tendresse. J’écoute Johnston’s Motor Car et j’ai envie de lever un verre avec les copains. Je chante Adieu à Rhondda et j’ai le cœur qui veut se faire la malle en pensant aux amours fanées et aux rues de Galway. Et puis il y a Incendie, cette histoire de coups de grisou dans la tronche… Toutes ces histoires résonnent encore dans chaque coin de ma tête.


On pourrait parler politique, se rappeler pourquoi le Nord et le Sud se regardent en chiens de faïence, pourquoi les vieilles rancœurs font de la résistance. Mais l’Irlande, ce n’est pas juste une carte avec une ligne en pointillés. C’est une claque d’humanité. Et ici, malgré le temps c’est la chaleur humaine qui prime. Ce n’est pas du marketing, c’est un désir. La musique… Bordel, la musique ! Pas la voix, la musique ! Bien que ce ne soit pas le meilleur de sa discographie, Renaud se fait plaisir, et il me fait plaisir, parce que ça me parle, parce qu’il me parle. N’est-ce pas là l’essentiel de la musique ? Un violon, une flûte, une guitare une voix rauque qui raconte des histoires d’amour et de baston, et voilà que mon cœur se met à battre en 6/8. Parce que l’Irlande, c’est une grande sœur un peu paumée, un peu cabossée, mais belle comme un matin de printemps sur les falaises de Moher. Un pays où la pluie lave les peines et où le vent souffle des envies de liberté. 

Je l’ai en CD évidemment, et cette semaine, je me suis fait plaisir à l'ajoutant à ma collection de vinyles. Disque neuf encore emballé mais vendu au prix de l'occasion, le mec ne l’a jamais écouté et je peux le comprendre. Même Renaud en pense du mal de ce disque. Mais qu'est-ce tu peux faire contre les sentiments ? Qu'est-ce qu'on peu faire face aux émotions envahissantes qu'un album suscite ? Je le pose sur la platine et, quand les premières notes de Vagabonds résonnent comme le vent qui caressant les landes, je me vois marcher sur les chemins de Wicklow, les pieds dans la rosée, l’âme la plus vagabonde que possible, je voudrais m'évader, je ferme les yeux et les tourbières se dressent devant moi, majestueuses et sauvages.

Je replonge dans mes souvenirs, non pas par nostalgie, mais dans l'optique d'une douce rêverie mélancolique qui me fait espérer qu’un jour je retournerai murmurer La Ballade Nord-Irlandaise sur les plages du fjord Lough Swilly… 


Tracklist
01 - Vagabonds
02 - Belfast Mill
03 - Johnston's Motor Car
04 - Je reviendrai
05 - Adieu à Rhondda
06 - La fille de Cavan
07 - Te marie pas, Mary!
08 - À Carlingford
09 - La Ballade nord-irlandaise
10 - Dubliners
11 - Willie McBride
12 - Incendie
13 - Molly Malone

23 novembre 2009
EMI


www.renaud-lesite.fr
www.hlm-de-renaud.fr
www.facebook.com/Renaud

Commentaires

Les articles les plus consultés du moment

Le temps qui reste de Serge Reggiani

Benjamin Biolay - Le disque bleu (2025)

Jacques Higelin : Tombé du ciel

Birds on a Wire - Nuées ardentes (2025)

Raphaël - Caravane (2005)