Benjamin Biolay - Le disque bleu (2025)

Depuis quelques jours, je vois passer beaucoup d’éloges sur ce fameux disque bleu. J’aime bien Benjamin Biolay, sans en être un fan inconditionnel : quelques titres par-ci, par-là… En ouvrant ce matin mon application indispensable, Deezer, et suivant l’enthousiasme ambiant, j’ai décidé de me lancer, toute ouïe.

Et paf, ni une ni deux, le premier titre, Le Penseur, commence par du violoncelle. Éperdument amoureux de cet instrument sensuel et tellement expressif, j’explose d’admiration et cela me suffit. Même s’il s’efface progressivement, laissant place à une mélodie céleste où guitare, flûte et saxo dansent dans l’espace, ce violoncelle introductif reste un véritable terrain d’envol pour mon âme. Ce premier titre m’emporte et me retient dans ce bleu comme l’horizon. C’est une promesse : celle du ciel, celle de la mer, celle des fresques colorées d’Amérique latine qui rendent la vie un peu plus heureuse. À travers ce bleu, Biolay semble vouloir ouvrir une fenêtre sur lui, sur nous, sur le monde en attente. Ce bleu qui accueille la nostalgie, la rêverie, le départ, la lente respiration après la frénésie de la vie. C'est poétique, j'aime beaucoup 15 octobre, Testament, Juste avant de tomber, Trois grammes... J'ai besoin de temps pour déguster, d'autant que le disque est généreux. 24 titres divisés en deux volets complémentaires. Le premier semble plus intime que le second qui me paraît plus ouvert, plus voyageur comme l’ombre portée au premier où respire l’errance, la traversée, la différence. Tu me suis ? Cette dualité est un atout formidable donnant au projet une dimension vraiment généreuse donc. Les titres s'enchaînent, Adieu Paris est sublime où l'écriture est poétique, ample, habitée. Biolay conte et chante des paysages où on y entend des cordes, des cuivres, de la bossa-nova, des guitares qui traînent un peu, une voix qui hésite parfois et se reprend. Tout nu et tout mouillé, Chanson de pluie, Les passantes de Brassens... Tant dans les mélodies que dans les paroles il y a cette fragilité que j'aime. Ça parle beaucoup de perte, d’absence, de souvenir, mais aussi d’amour qui tient, qui vacille, qui danse. Il y a ce qu’il y a de plus vaste aussi comme le monde, les saisons, l'exil, la mer, la ville... De l'universel intime en quelque sorte. On plonge dans l'album, on écoute, on s'y retrouve parce que tout y est fait avec élégance, sans effet décoratif gratuit et puis le mélange des genres et des lieux est un voyage musical. On passe de Bruxelles à Sète, de Paris à Buenos Aires, des guitares à la bossa, des cordes à la voix feutrée. Ce métissage donne forcément une fraîcheur bienvenue pour quelqu'un qui veut bien avoir l'esprit ouvert. Chose de moins en moins fréquente dans ce bas-monde.


Alors je reste là, bel enfant du silence,
Debout sous ton balcon, ivre à l’évidence.
Je ne sais même pas si c’est la bonne adresse,
C’est toi, mon amoureux, à qui ces mots s’adressent.

Je ne sais même pas si j’ai la bonne adresse,
J’ai trois grammes d’amour et j’embrasse tes fesses.

Trois grammes

Écouter Le disque bleu, c’est partir. Pas pour s’échapper, mais pour mieux revenir ailleurs. Casque sur les oreilles, en passant un bon moment avec un artiste qui "n'en a plus rien à foutre" et qui fait sa musique pour le plaisir, sans calculer. Et moi, sans bagages, simplement avec l’oreille et le cœur ouverts je découvre un peu plus un Benjamin Biolay qui conjugue élégance de la chanson française, rigueur du mot et dérive du son. Sa discographie est belle, sans aucun doute, j'ai de quoi faire. En attendant, ce nouvel album demande du temps. Il s’apprivoise lentement, comme un roman qu’on relit ou un paysage qu’on redécouvre à la tombée du jour. Certains morceaux se méritent, d’autres s’offrent d’emblée mais tous finissent par dessiner un agréable moment musical qui me restera comme une trace douce et profonde sous un bleu qui apaise, un bleu qui transporte, un bleu qui reste comme dans mes rêves éveillés où le ciel est vaste et la mer est proche. Ce disque est bleu tout simplement. 


Tracklist
Volume 1 : Visiteurs
01 - Adieu Paris
02 - Ne me laisse jamais sortir
03 - Mauvais garçon
04 - Tout nu et tout mouillé
05 - Chanson de pluie
06 - Les trois amis
07 - Mes souvenirs
08 - Les passantes
09 - Ooooooo
10 - La sieste
11 - Kika
12 - Où as-tu mis l’été ? (feat. Jeanne Cherhal)

Volume 2 : Résidents
01 - Le penseur
02 - 15 octobre
03 - Morpheus Tequila
04 - Soleil profond
05 - Au ranch
06 - Testament
07 - Juste avant de tomber
08 - Mon pays
09 - Oh la guitare
10 - Pauline partout, Justine nulle part
11 - Résidents, visiteurs
12 - Trois grammes

17 octobre 2025
Virgin Records

www.benjaminbiolay.com
www.facebook.com/benjaminbiolayofficiel


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