Têtes Raides / Les terriens


La poésie est un art et le coup de foudre ne s'explique pas. Encore une fois, comme toujours. Après Corps de mots, après L'an demain… Après tous les autres, depuis plus de vingt ans. La sortie d'un album de Têtes Raides est un nouveau rendez-vous avec les mots, avec les mélodies envoûtantes, avec les rythmes entraînants, avec les refrains chantants.

Et on ira danser c'est pas trop tôt, jusqu'à nous en brûler la peau

Il m'a suffit de glisser Les terriens dans mon lecteur CD, de m'installer, d'ouvrir les oreilles et de n'attendre que six secondes pour que le charme opère. Alice. Alice c'est une copine de Ginette. Alice on l'écoute pour la première fois, mais c'est comme-ci nous la connaissions depuis des années. J'ai l'agréable sentiment d'avoir déjà entendu ce morceau, mais non, c'est bien un nouveau titre. Je suis pris, je n'y échapperai pas et je m'en réjouis. Voilà, je chantonne déjà sur le refrain que je ne connais pourtant pas. Têtes Raides, au fil des années m'est devenu familier grâce à une voix, l'une des plus belles.
Musicalement le début sonne rock, un peu baloche,un peu comme du temps de Not Dead But Bien Raides et ça se confirme avec Moderato lorsque les guitares électriques s'invitent dans la danse. Ok le niveau monte. Sourire. Dans un vieux Rock'n'roll du fond des casseroles aux effluves de blues, Les terriens enflamment mon enthousiasme. Toujours tranchant, Têtes Raides dénonce à coup de mots parfait. Plus loin L'au-delà. À ce moment-là, je me lève et je mets de coté un vinyle de Bill Haley que j'écouterais plus tard. Ce titre me donne envie. Dans Corps de mots, sorti en 2012, la reprise Love Me Tender du King était un soupçon de déclaration et cela aurait pu nous paraître évident pour la suite...

C'est marrant dans mille ans, on s'aimera tout autant.

Bien que les premiers morceaux soient excellents, le vrai premier frisson, celui qui chatouille la colonne verticale et caresse la nuque, vient avec le quatrième titre de l'album : Oublie-moi. Une pépite, que dis-je, un chef d'œuvre à en pleurer d'amour. Une nouvelle merveille du monde de trois minutes, chez soi, dans ses oreilles, dans son cœur.

Des lunes qui s'allument quand nos doigts sont des plumes

Mais il n'y en a pas que pour les amateurs de bougie-bougie. Le rendez-vous résonne dans mon esprit comme Alice, comme une impression de déjà entendu et pourtant. Une écriture envoûtante, une hypnose musicale, la formule fonctionne toujours à merveille. Et puis le piano du pauvre, cet accordéon indissociable du groupe qui nous envoie valser et que nous retrouvons avec plaisir sur A ta gueule qui nous réserve une belle surprise.

Enfin si l'on écoute ce nouvel album et que l'on connaît le groupe, est-ce que comme moi, vous arrivez à percevoir derrière chaque mot, chaque phrase, chaque refrain, l'imposante et fantastique présence de Christian Olivier se dandinant derrière son micro ? Ce nouvel album est incontestablement fait pour la scène. Oui, c'est sur les planches que l'œuvre générale des Têtes Raides prend toute la mesure de son art et nous envoie en pleine face la beauté d'une musique dont on ne se lassera jamais.



http://tetesraides.fr/
Écoutez l'album sur le label Tôt ou Tard

Commentaires

Les articles les plus consultés du moment

Le temps qui reste de Serge Reggiani

Mirabelle Gilis - Rivière (2024)

Hum Hum - Le prince des cendres (2024)

La sélection du mois / octobre 2024

Yves-Marie Bellot - Corps silex (2024)