Yanowski - La Passe Interdite

À l'époque, à Buenos Aires, on pouvait danser toutes les danses. Toutes les danses ? Sauf une. Celle-là s'appelait La Passe Interdite. C'est par ces mots inscrits sur la couverture intérieure de l'album que je me lance dans la découverte de Yanowski.


Et si pour une fois, je n'écrivais rien ? Parce qu'un seul mot suffirait pour décrire ce que je viens de découvrir : IMMENSE. Me voici désarmé, je tombe des nues devant cet album. Abasourdi, je suis. Parce que l'interprétation est énorme, parce que l'artiste en impose. Révolutionnaire, grandiose, unique, peut-on lire chez les critiques ? Evidemment, après les premières écoutes, c'est tout ça a la fois. La Passe Interdite ça parle d'amour, de folie, d'amitié, avec humour, poésie et dérision. La mort, le double, le sexe autant de thèmes exposés par un artiste habité par sa musique. Un grand artiste de deux mètres, tout autant de talent, qui rappelle Brel dans le mouvement des mots, dans sa présence sur les chansons. Et puis les voyages, musique dépaysante. La Passe Interdite nous entraîne dans les bas-fonds de Buenos Aires, sur les terres du tango, à Prague, à Shangaï, à Ostende, à Varsovie, à Bratislava... Des troquets enfumés d'Argentine aux cabarets slaves, l'ogre charismatique ne fait qu'un pas pour enjamber cet univers où se mêlent histoires et chansons. Entouré par des musiciens exceptionnels, Hugues Borsarello au violon, Samuel Parent au piano, Antoine Rozembaum à la contrebasse, Yanowski abuse avec délice des airs de tango aux influences balkaniques et yiddish. Sous l'oreille arrangeante de Gustavo Beytelmann. Au casting si beau, s'ajoute des chansons si belles. Mélange épique entre cabaret expressionniste et opéra fantastique, les morceaux s’enchaînent, se déchaînent, nous entraînent, et sans peine provoque une tempête dans la boite crânienne. S'invitent aussi à la fête, quelques belles références littéraires comme Maupassant, Poe, Baudelaire, Hauffman. Que ça soit sur scène ou sur disque, voici une expérience musicale exceptionnelle pour l'auditeur, une expérience éblouissante pour le spectateur. A vivre d'urgence.


Merde. Je pense aux dernières victoires de la musique, et je me dis qu'il n'y a pas de justice dans ce monde culturellement à la dérive. Fantasque et fantastique, ce projet mérite qu'on le caresse, qu'on le renifle, qu'on se couche à côté de lui, puis qu'on l'aime.

En concert le 04 avril 2016 au Café de la Danse
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