Andrew Sweeny - Free The Prisoners

Avec le temps qu'il fait dehors et en écoutant le nouvel album de Andrew Sweeny, j'ai envie de monter à cheval et d'aller me perdre au pied du Mont Robson. Un stetson sur la tête, le cœur lourd de chagrins mais les yeux tournés vers l'essentiel, la vie...


Parfois, il ne faut pas grand chose pour que le cœur soit touché. Une belle voix, une guitare acoustique, quelques notes de piano par-ci, quelques notes de violoncelle par-là... Nourrit de folk britannique, le canadien Andrew Sweeny débarque en France avec un album terrifiant. Si vous avez le cœur funambule, il vous le fera chavirer. Si vous avez le cœur émotif, il vous le fera trembler. Si vous avez le cœur sec, il vous le fera pleurer. Accrochez vos pieds au plancher, Free The Prisoners est un opus qui fait décoller. Sans en rajouter des tonnes, ni tomber dans une production aguicheuse et superflue, le chanteur nous conte ses histoires dans une atmosphère émotionnellement étourdissante. On est bien là, au croisement d'un Nick Drake, d'un Léonard Cohen et même par moment d'un bruce springsteen. J'ose. Quand je ferme les yeux, je vois ces artistes. Des géants. Alors de fil en aiguille je déduis que Andrew Sweeny en est un aussi. Ces géants capables de nous sortir des albums qui s'imposent d'eux-mêmes. Dont on ne peut résister. Et dans le plus anodin des détails de notre quotidien, attrapé à la volée dans notre routine suffisent à créer le besoin de les retrouver régulièrement. Pour secouer nos émotions. Raviver nos sentiments. J'ai besoin de me faire secouer les tripes de temps en temps. Free The Prisoners fait désormais parti de ces albums-là qui procure ces choses-là, qui m'envahissent, imprègne ma vie d'un filtre qui fait résonner mon existence selon ses mélodies. Incrédule, je me laisse à chaque fois emporter par les doux parfums folk. Et celui de Sweeny est un régal du genre, surtout quand il lorgne vers le rock et le blues sans jamais oublier les fondamentaux. Free The Prisoners ne s'écoute que d'une traite, sans temps mort, sans l'interrompre pour mieux l'aimer tel qu'il est. 
Chanté comme si la vie ne pendait qu’à une corde vocale, cet album évoque l’émancipation, la responsabilité, et le plaisir hédoniste face à l’inconscience et la nuisance humain. Il sera publié en complément d’un recueil de 100 poèmes écrits en 100 jours en 2015 dans le RER C le long de la rive gauche de la Seine. 100 œuvres transcendées par la routine de ces trains de banlieues. Comme pour se soustraire aux ombres. Une voix unique qui, mot après mot, nous rend plus vivant, fait gronder en nous la révolte.


Free The Prisoners fait partie de ces rares albums sans paillettes, réalisés avec inspiration et justesse mais dont ils font preuve d'un triste contraste : Celui d'offrir une musique riche, émouvante, artistique et enrichissante dans un monde où il suffit de faire le guignol à coup d’Auto-Tune pour absorber le plus grand nombre de gens. Nous vivons dans un monde où les mentalités sont aussi étroites que les paysages des rocheuses canadiennes sont vastes. Heureusement qu'il existe des artistes comme Andrew Sweeny... 

Tracklist
01 - Free The Prisoners
02 - Lucinda
03 - Killing The Lion
04 - You are My Heart
05 - Refugee
06 - Human Love
07 - Show Me
08 - Don't Trust The Things That Shine
09 - Stainless Ship
10 - Nothing in this World

11 mai 2018
Travelling Music

www.travellingmusic.net/andrew-sweeny
www.twitter.com/andrewpgsweeny

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