Apple Jelly - Tchernobyl

Avril 1986, Tchernobyl. Mensonges d'état, multiplication de bêtises humaines, explosion du cœur d'un des réacteurs de la centrale nucléaire, conséquences dramatiques. Catastrophe dantesque qui se paye encore de nos jours...
 

35 ans cette année. 
Et pour marquer "le coup" Apple Jelly vient de sortir un EP de cinq titres monstrueux de sensations et de sentiments forts balançant violemment nos émotions entre électro flippante, folk dénonciateur, rock rageur. Et quand les sirènes hurlent dans ce terrible superbe premier morceau qu'est At the Beginning, que les commentaires d'époques pullulent de conneries dans Le grand mensonge au choeur de l'Armée Rouge aussi décousu que son gouvernement, je replonge -cette fois-ci en musique- dans cette effroyable histoire qui m'avait encore foutue une sacrée claque avec la série produite par HBO. En cinq morceaux la tension est palpable, invisible comme l'air mais oppressante comme un manque d'oxygène, comme une impression de terreur. On respire doucement, on avance, d'abord avec la balade Everlasting Day qui nous envoie des images rayonnantes, de familles vivantes captées en Super8, heureuses, de soleil qui brille et de roulades dans le jardin, d'oiseaux qui volent... Mais dimages en sépia qui n'existent plus, puis le souffle au ralenti les vibrations reprennent de plus belles, pas le temps, l'alarme sonne. Siren Call : rock engagé d'une touche new wave frénétique c'est l'évacuation. On évacue cette colère, on évacue tout ce qu'on peut, toutes ces horreurs qui restent toujours et encore, cette terre polluée pour des centaines d'années, ces hommes morts avant de pouvoir naître, ceux qui ont soufferts et ceux qui souffriront pour le restant de leur vie irradiée. There Is Death You Can't See, il y a la mort que tu ne peux pas voir, c'est la nuit pour l'éternité à Pipriat.  

A l'image d'un autre album qui m'avait profondément perturbé du haut de mes quinze ans, je veux parler du surprenant Hiroshima (50 ans d'inconscience) de Ludwig Von 88 sorti en 1995, pour le triste cinquantenaire du bombardement, Tchernobyl d'Apple Jelly apporte une pierre de plus au devoir de mémoire, rappelant que la culture n'est pas qu'un simple divertissement, qu'elle n'est pas qu'un simple produit de consommation, mais qu'elle peut être un grand vecteur de courant pour nourrir les consciences, remuant les idées, et en quelque sorte devenir essentielle, surtout quand un concept comme celui-ci est aussi bien réalisé.

Quinze minutes retraçant trente-cinq ans. 
Lancinant, perturbant, angoissant, révoltant : à découvrir d'urgence ! 


Tracklist 
01 - At the Beginning 
02 - Everlasting Day
03 - Siren Call
04 - There Is Death You Can't See
05 - Le Grand Mensonge

11 juin 2021

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