Arman Méliès - Laurel Canyon (2022)

Il y a quelques jours, je me suis enfin décidé à écouter ce disque et par la même occasion, découvrir l'univers d'Arman Méliès. Sans me douter qu'il y aura désormais, dans ma "culture" d'auditeur, un avant et un après cette rencontre.

En une fraction de secondes, j'ai vu une lumière blanche autour de moi m'aveugler comme si je venais à nouveau de voir le jour pour la première fois. Et pourtant physiquement je n'ai plus rien d'un nouveau-né. Je savais son talent grâce à ses collaborations avec Bashung ou Thiéfaine, mais je ne l'avais pas réalisé. Les titres défilent une première fois puis le disque s'arrête. Mes yeux s'habituent peu à peu à cette clarté éblouissante. Est-ce un rêve ? Je replonge dedans illico, parce que je ne réalise pas encore ce qu'il se passe. Commence Avalon et je me vois allongé dans un paradis peuplé de fous qui s'étend à perte d'horizon, je frotte mes yeux, pourquoi ne suis-je ici qu'aujourd'hui ? Je me relève et je suis seul. Autour de moi il n'y a personne. Les rues sont désertes pour notre balade du soir, sous les halos des lampadaires, casque audio sur les oreilles. Dans le ciel se dessine une pluie de Météores et une voix s'invite à celle d'Arman Méliès. La voix si familière d'Hubert-Félix Thiéfaine me réchauffe un peu plus le cœur. Il brûle, je me consume, je commence à fondre. Je sens les notes de musique et les mots se faufiler entre mes doigts, tout m'échappe, j'avance sur ce chemin vers je ne sais où mais eux savent. Je leur fait confiance, aveuglement. La soif arrive. C'est certain maintenant, j'ai l'impression de marcher depuis des années à côté de la musique de Méliès et pourtant, je me sens encore vierge de ce plaisir là. Ce rock littéraire me donne le vertige. Dans ce road-trip d'une Amérique fantasmée (déclinée en trilogie, dont celui-ci est le dernier) je prêche la parole de ce rockeur flamboyant et élégant. Oh que voudras-tu que tu n'ai déjà ? Mille fois j'ai prié, mais Dieu ne croit pas en moi... L'évasion continue, et je commence à regretter que tôt ou tard, je vais devoir éteindre la musique. Dans cette vie que l'on escalade à mains nues, quand on vit à hauteur de ses rêves (Modesta), plus chiant est le retour à la réalité. Alors je continue inlassablement à marcher dans ce canyon d'oxygène, casque audio sur les oreilles, n’éprouvant que jouissance et gourmandise, la solitude de mon être face à lui-même. Je marche, j'avance en direction d'un but, d'un repère. Cherchant la finalité de savoir ce que cette musique m'apportera à l'avenir. À quoi bon sinon ? Au fond de nous, nous avons un besoin incontestable de grandir par la musique. J'avance encore, nouveau titre : Amor Drive ne fait qu'amplifier le rapport physique qui s'installe entre cette première rencontre et moi. Une entracte symphonique immense en milieu d'album qui en devient vite hypnotique, comme une pause naturelle que l'humain a oublié de par ses tristes habitudes. J'en profite. Je sais qu'elle est là pour élever l'auditeur encore plus haut, encore plus loin. C'est la nuit. Je lève la tête et je regarde le ciel noir qui brille de mille feux. Le froid glaciale de l'hiver ne me fait plus rien. Non, quelque chose brûle, j'ai chaud partout. La musique à fond fait vibrer mes tympans, la secousse parcours mon corps. Toujours dans le même but, toujours dans la même direction. Une promesse et mon cœur termine de se contracter. Sous le ciel en suspension, j'ai envie de hurler, une fièvre ne cesse de me gagner. Les titres passent en ôtant une a une toutes les questions qui trainent en permanence dans ma tête. Plus rien ne compte dans ce laps de temps, la nuit est belle et vraie jusqu'à ce que Laurel Canyon déchire définitivement le vide autour de moi. La vie est trop courte pour quelle soit petite. Je ressens mon cœur battre au rythme de la mélodie, mon âme en lévitation transpercée de tourments et d'espérances se retrouve à hauteur de cette odyssée musicale. Mes jambes accélèrent d’elle-même pour accourir jusqu'ici et dire à quel point ce disque est bien plus qu'un chef d’œuvre.


Tracklist
01 - Avalon
02 - Météores
03 - La soif
04 - Modesta
05 - Amor Drive
06 - Une promesse
07 - La mêlée
08 - Laurel Canyon
09 - Vise le coeur

26 février 2022
Royal Bourbon / Bellevue Music / Modulor


www.facebook.com/armanmelies

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