Fabien Martin - Je ne fais que marcher dans la montagne (2023)

L'année dernière, par pur hasard, j'ai croisé la route de Fabien Martin en tombant sur l'une de ses chansons : L'odyssée d'Olegario. Vous connaissez ce moment où vous écoutez quelque chose et que vous pensez, "oh oui, j'adore !" Eh bien, il a immédiatement trouvé sa place dans mes curiosités. Aujourd'hui, il vient de dévoiler un nouvel album, l'occasion pour moi de poursuivre le chemin.  

L'album s'ouvre sur une introduction de haut-vol, impressionnante et émouvante, baptisée Mémos Vocaux. Elle ne pouvait pas mieux tomber, moi qui me trouve actuellement dans une spirale de jours troublants. Portée par une mélodie envoûtante et profondément touchante, Fabien Martin enregistre des mémos vocaux, capturant les pensées et émotions qui l'animent. Que ces enregistrements soient d'une importance cruciale ou anodine, il immortalise les moments qui marquent la vie d'une personne ordinaire, semblant heureuse ainsi, avec ses souvenirs et ses questions, ses doutes et ses espoirs, comme ceux qui ont le besoin compulsif de photographier tout et n'importe quoi cherchant à conserver une trace de ces petites choses qui les touchent sensiblement. Justement, c'est le mot qui prédomine mes premières écoutes. Plus j'écoute l’album, plus je capte une sensibilité qui me procure certaines émotions d'où s'écoule une mélancolie douce, ordinaire, avec des mots et des mélodies intimes qui se rapprochent de moi timidement. Un album à prendre comme  un livre ouvert à découvrir, pour se découvrir, une sorte de psychanalyse musicale où le questionnement sur notre personne et sur notre environnement fait du bien. En tout cas c'est le ressenti du petit auditeur que je suis, en quête de réponses en musique et en permanence.
Dans ce premier titre il dit se souvenir du numéro de téléphone de ses parents, et qu'il appellerait bien pour voir qui donc pourrait bien répondre. Peut-être lui même, à l'âge de huit ans... Je trouve cette image tellement chargé de poésie avec une touche de nostalgie, celle de l'enfance, du temps qui passe, des souvenirs qui restent. Ça me parle, c'est tout simple, en une phrase je lui offre toute mon attention et ce n'est pas la seule dans le morceau qui m'émeut.
Je poursuis le chemin et je me rends compte que je marche sur une crête entre deux versants vertigineux où rêveries et réalités se partagent le paysage. L'essence de l'album réside dans le parcours plutôt que dans la destination, soulignant que nos histoires sont composées de petits éléments qui suscitent des émotions différentes. Dans cette sublime gymnastique sentimentale, Fabien Martin embrasse le temps qui s'écoule avec grâce, sérénité et élégance, tout en restant honnête et juste. Il explore cette existence que nous traversons tous, entre les peines inéluctables et les douces résurrections en dévoilant la beauté mais aussi l'absurdité de la vie quotidienne.
Les titres s'enchaînent et je collectionne les coups de cœur. D'abord avec l'immense Comment devenir qui je suis, la voix, la mélodie, les textes, tout est grandiose. Avec ce titre, j'ai l'impression que cette petite voix dans ma tête s'appelle aussi Fabien Martin. Celle qui me retourne le cerveau de questions mais aussi qui m'aide à gravir la montagne de la vie. Le refrain est merveilleux, tellement puissant qu'il m'accompagne régulièrement au petit matin ces temps-ci. Si je ne prends soin de moi / Qui donc  le fera ? On trouve forcément la réponse en soi quand on écoute ce genre de musique de qualité. Je me laisse facilement absorbé par Un autre pays, je prends une jolie claque avec Je ne fais que marcher dans la montagne en featuring avec Jil Caplan, je suis en apesanteur avec l'excellent I Want A Lover avec Jeff Hallan, je suis bouleversé, émue cette fois-ci avec le Garçon au cerveau abimé. Comme un miroir, le morceau est parlant, les souvenirs personnels surgissent. Bien sûr mon cas n'a rien à voir avec l'histoire de la chanson, mais les traumatismes d'enfance ça ne se mesurent pas, il y a des lieux dont les enfants ne devraient jamais fréquenter. Jamais. Dans cette chanson très intime, l'artiste ne tombe pas dans le pathos ni dans la compassion. Au contraire, il dépose un voile de douceur, la tête haute, sur des paroles aucunement réjouissante, comme un joli pansement sur une plaie qui ne cicatrisera jamais. C'est très touchant. Sur la jetée achève mon cœur d'amour. C'est officiel, j'aime profondément ce nouveau disque de Fabien Martin dont le talent n'est pas à prouver. Il est honnête avec lui-même et ça se ressent dans la réalisation de ce nouvel opus qui à tout pour atteindre les sommets.

Tracklist
01 - Mémos vocaux
02 - Comment devenir qui je suis
03 - Un autre pays
04 - Je ne fais que marcher dans la montagne
05 - I want a lover
06 - Dans ma boite noire
07 - Sous l'éboulis
08 - Garçon au cerveau abimé
09 - Sur la jetée
10 - Honnête avec moi

17 novembre 2023
Littoral Records


www.facebook.com/fabienmartinfrenchchanteur
Se procurer le vinyle : www.kuroneko-boutique.com

Commentaires

  1. "comme ceux qui ont le besoin compulsif de photographier tout et n'importe quoi cherchant à conserver une trace de ces petites choses qui les touchent sensiblement"
    Mais pourquoi cette phrase me parle-t-elle ?
    Sinon mi aussi j'aime bien cet album, et particulièrement mémos vocaux et Comment devenir qui je suis.

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