Manu Chao - Viva Tu (2024)
J'aurais pu m'en tenir aux avis des boomers sur internet qui crachent sur ce nouvel album et puis en faisant mes confitures de pêches cet après-midi, je suis tombé sur l'album dans les nouveautés Deezer, entre les nouveaux titres de Jil is Lucky et de No Money Kids. Le casque sur les oreilles, la popotte dans la marmite, j'ai tenté l'aventure.
Sans faire de révolution, Manu fait du Chao, la pochette aurait pu nous mettre la puce à l'oreille. C'est toujours aussi coloré, il y a des sons de partout, le plus sud-américain de nos artistes français n'a pas pris une ride depuis... Clandestino, unique et dernier album où j'ai suivi l'homme à la mano negra. Après j'ai vite décroché même si j'avais acheté le CD de Próxima estación: Esperanza qui est resté quasiment neuf parce que je ne l'ai jamais écouté. Lassé d'entendre toujours la même chose, de ressentir toujours les mêmes odeurs qui reviennent et moi qui vieillissait avec l'envie de fuir vers des horizons différents. Aujourd'hui, je me tasse dans la quarantaine et la nostalgie est de plus en plus couvrante. Je suis content d'écouter ce nouveau Manu Chao, et j'ai peut-être presque le même enthousiasme que j'avais à vingt ans. Ah ! nostalgie quand tu nous prend... Dix-sept ans que le bonhomme n'avait pas sorti d'album, fuyant le statut qu'on lui avait collé, restant libre comme le vent, nous balançant de temps en temps des titres, des feat. et des projets délicieux comme producteur (Calypso Rose, Klelia Renesi...). Trois heures après avoir terminé mes confitures, l'album tourne encore dans mes oreilles. Je rencontre des difficultés à décrocher, à sortir de cette musique joyeuse, de me libérer de cette si douce voix particulière, de ces gimmick si reconnaissables et finalement si familiers.
Sur ce circuit musical où je tourne en boucle sans appuyé sur le frein, il y a une chanson qui m'émeut énormément. Si touchante, si troublante : Cuatro Calles est un délice de quiétude auditive, tout autant que Vecinos En El Mar. Je n'ai pas encore traduit les paroles mais je crois qu'il est sincère et je le suis aussi, sincèrement touché. Ma prof d'espagnol du collège qui était aussi magnétique et belle comme Victoria Abril serait fière de moi, je chantonne quelques mots. Me gusta mucho ! Au rayon des autres belles surprises, Heaven's Bad Day est superbe. Quelle joie de retrouver le génie de Willie Nelson sur un album de Manu Chao qui poussent ensemble une chansonnette très rhythm’n’blues. Le duo fonctionne à merveille, les codes sont bousculés et j'aime ça. Tout comme avec Tu Te Vas avec la rappeuse Laeti. Pas que je sois fan de cette chanteuse dont j'ignore tout, mais l'idée est bienvenue, les univers fusionnent et ça fonctionne aussi, à mon goût. Au fil de l'album, j'aime également me dandiner langoureusement sur La Colilla, Sao Paulo Motoboy et secrètement satisfait de l'entendre chanter en français sur La Couleur du Temps qui me rappelle que j'avais pas mal aimé son album Sibérie m'était contée. Même Viva Tu possède tout ce qu'il faut pour m'embarquer. Il ne m'en faut pas beaucoup, mais ce titre est quand même beau sous plusieurs angles. Cette voix féminine, flamenga à souhait qui m'invite dans la danse... C'est quelque chose... Je suis content, et j'ai bien fait de ne pas avoir écouté les bien-pensants spécialistes de la "vraie" musique. Quoi qu'il en soit, Manu Chao est là. Il ne signe pas son retour puisqu'il n'a jamais vraiment disparu des radars, mais il appose de ses plus belles lettres son meilleur album depuis Clandestino pour moi. Clairement. Le même plaisir qu'il y a 26 ans.
Tracklist
01 - Vecinos En El Mar
02 - La Couleur du Temps
03 - River Why
04 - Viva Tu
05 - Heaven's Bad Day
06 - Tu Te Vas
07 - Coraçao No Mar
08 - Cuatro Calles
09 - La Colilla
10 - Sao Paulo Motoboy
11 - Tom et Lola
12 - Lonely Night
13 - Tantas Tierras
20 septembre 2024
Radio Bemba / Because Music
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