Bertrand Betsch | Ma p'tite playlist préférée

 

Probablement l'un des meilleurs de la scène musicale française alternative. En fait non, pas probablement, Bertrand Betsch est tout simplement un monstre de cette chanson française actuelle qui manque de lumières. Mais n'en déplaise aux grands décideurs son univers est éblouissant, ça m’pète les yeux, ça m’brûle le cœur ! Avec sa sensibilité poétique exceptionnelle l'auteur-compositeur-interprète m'envoûte avec ses textes poignants, mélancoliques, teintés d'ironie et de lucidité. Les émotions sont brutes, palpables, les réflexions profondes, le temps est souvent gris, qu’il pleuve, qu’il neige, qu'il vente, qu'importe, c'est bien souvent dans ces tourments que les âmes sensibles se sentent terriblement vivantes. J'en suis la preuve, quand j'écoute BB je me sens bien. Il m'inspire, m’aspire, les mots ruissellent et je me sens pousser des ailes, je m'en vais marcher sous le crachin à finir tremper jusqu'aux os et dans les écouteurs c'est beau. Ça vaut le coup qu'il me dit.

Je mets en premier titre Les vents contraires, qui ressemble à l'un de ses plus gros morceaux. Elle aborde avec une musique rassurante un thème de lutte et de résilience dans ces situations où l'on doit affronter les obstacles avec courage, avec détermination, même lorsque tout semble aller contre soi.
Mais puisque sur ce blog il s'agit surtout de moi, alors mon titre préféré, l'ultime amour que j'ai rencontré dans sa longue discographie, est : Amor Fati. Bertrand Betsch explore l'acceptation du destin et célèbre encore la résilience. Ce morceau est d'une beauté sans nom et m'encourage à continuer d’embrasser le chemin de vie tel qu'il est, avec ses hauts et ses bas, en trouvant la beauté dans l'acceptation de ce qui est. C'est une ode à la sérénité et à la sagesse acquise en vivant pleinement chaque moment. Titre phare de l'un de ses plus beaux albums Kit de survie en milieu hostile. Tout un art.
Tout doit disparaître, sublime. Le temps qui passe, une certaine nostalgie plane, il faut accepter l’inéluctable. Et face à l'horreur de ce monde et la débilité de cette humanité, dans ma carcasse d'adulte abandonné je chante qu'il s'rait tant que tout s'arrête, que tout doit disparaître

Quatrième piste, Le Bus 51. Mêlant piano mélancolique et chant plein d’espoir, la métaphore des arrêts comme obstacles de la vie révèle ici l'incroyable talent d'écriture de BB. J'ai presque envie de pleurer, mais je sais que les sanglots seront brûlants. Même avec De la neige au fond des yeux, moi qui ai souvent fait semblant d'exister, pour ne pas déranger, pour ne pas me tromper, pour ne pas souffrir. Pendant longtemps, je ne me suis jamais aimé comme j'aurais voulu qu'on m'aime, avant de comprendre un jour que La vie est un poème qui ne dit jamais je t'aime. Tant tard, mais au fond jamais trop tard. Tant pis, il faut l'accepter, vivre et avancer. Lâcher prise. Passer sous le métro témoigne de l'art de capturer l'âme poétique de la vie quotidienne, telle qu'elle est.

À la nage présente sur l'excellent album La Traversée (2020), aborde à merveille la vulnérabilité et l’authenticité dans l'idée qu'il est normal et sain d'exprimer ses émotions, même si cela signifie montrer ses larmes ou ses blessures. La découverte de ce titre coïncide avec les premiers recueils de poésies que j'ai publié. Quand je dis que c'est un auteur qui m'inspire… Dans la vie, pour avancer, on cherche (parfois inconsciemment) ces gens qui transmettent des émotions, des sensations pour nous aider à affronter les vents… contraires. Une façon de Vivre.
Puis il se permet, avec brio, de reprendre le célèbre Bang Bang en y apportant sa touche d'histoire douloureuse. Celle d'un amour perdu, où les souvenirs d'enfance et de complicité se transforment en tristesse. Transition de l'innocence à la douleur, BB à un cœur énorme qui s'exprime. Il dira que c'est presque rien dans la belle chanson À la dérobée, mais ça fait du bien de l'entendre, de l'écouter profondément. Surtout quand musicalement il y a une touche, un détail ajoute une couche d'émotions souvent mélancoliques, à la plus grande joie, preuve avec le tendre morceau Les rendez-vous manqués présent sur l'album La soupe à la grimace de 2007. Et puis soudain Bruxelles, mes belles histoires, sa belle, ma belle, notre belle Bruxelles. Formidable hommage à la hauteur de ceux d’Arno et même de Bénabar. Dans la texture du chant de Betsch, Ça vaut la peine me fait penser à du Alex Beaupain, autre grand parolier amoureux des mots et de la transmission littéraire.
Ce que j'aime chez Bertrand Betsch c'est son aptitude à explorer la fragilité humaine, à dépouiller, tant émotionnel que physique comme sur la chanson Nu, sans artifices, avec une sincérité alarmante. Même son de cloche avec Les sables mouvants où le chanteur décrit la lutte contre le passage du temps, la fragilité des moments précieux et la difficulté de s'y accrocher. C'est mélancolique à en mourir, nostalgique à en crever mais c'est foutrement beau, avec cet orgue qui repeint tout ça d'un voile sépia captivant.

Autre point de lumière dans l'album Kit de survie en milieu hostile : J'irais pleurer sur vos tombes critique la superficialité et l'indifférence de certains aspects de la société. D’une profonde tristesse et d'un désir de justice face au manque d'empathie, Je déteste ceux qui vivent sans regarder autour d'eux et sans se soucier des autres.
La dualité entre lumière et obscurité dans Ultraviolet est une marque de création forte chez l'auteur. Entre vulnérabilité et force intérieure le chanteur caresse la quête de clarté et d'authenticité au milieu des défis de la vie et des doutes personnels. Comment ne pas rester insensible ? Pourquoi a-t-on besoin de grosses bagnoles et de paires de nichons dans les clips pour prendre plaisir, pour se divertir ? Bien des choses me désespère, c'est pour ça que je préfère la nuit et ses moments offerts de solitude, d'oublie. À la nuit me parle puis quand Vienne la nuit et sonne l'heure je contemple l'atmosphère mystérieuse qui entoure nos vies. Peut-être pour comprendre La folie des hommes ? Ce morceau incroyablement punk qui explore le comportement irrationnel et destructeur des humains ainsi que les conséquences de leurs actions insensées à quelque chose de sombre que j'imagine pourrait être incroyable s'il le chantait en duo avec Brigitte Fontaine. Autre punk de la chanson française.

Pour un seul moment d'absence de l'album La soupe a la grimace aborde les thèmes de perte et d'absence, toujours dans une ambiance nostalgique au cordeau. Quand la douleur de l'absence et le vide laissé par quelqu'un qui n'est plus là, les émotions liées à la perte, et de la recherche de réconfort dans les souvenirs sont horribles. Mais avec une mélodie douce les pleurs sont différents. C'est qu'une vie est fragile, on ne le saura jamais trop. D'ailleurs la fragilité est le fil rouge de cette playlist, même en évoquant les beaux jours ou avec Les grands voyages en quête de sens et de renouveau à travers les expériences et les aventures de nos expéditions. De ces aventures, il y a de l'espoir derrière les nuages et les terres arides. La lumière viendra, la promesse existe toujours. Et si Bertrand Betsch peut être qualifié de chanteur déprimant - ça peu se comprendre - c'est pourtant lui qui réalisera l'une des plus belles chansons sur le thème du bonheur,
En avance, en retard
Qu’est-ce que ça peut faire
Sur le quai d’une gare
Comme surgit de terre
Posé sur le sol
Il est là qui décolle
Comme un bel aviateur
Il prend de la hauteur
Je suis là, enfin prêt
D’esquiver j’avais tort
Mais j’ai tiré un trait
Je suis prêt, en accord
Il s’approche de moi
Il est temps, il est l’heure
Pour la première fois
Me soulève le bonheur


Le bonheur magnifiquement mis en images par Guillaume Carayol (de De Calm) est une bonne conclusion pour finir ma petite playlist préférée des chansons de Bertrand Betsch.

Et je me permets de glisser sous forme de “bonus plaisir” sa reprise Je t'en remets au vent de Hubert-Félix Thiéfaine, encore un monstre de cette chanson française si lumineuse.
Le choix de ce titre n'est pas anodin, le thème de la chanson scie à merveille à l'univers de BB et j'y vois également un lien, un pont, un clin d'œil, quelque chose de fort quoi, entre ces deux générations que j'admire profondément et qui m'aident énormément à affronter les tempêtes de la vie.



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