Delayan — Looking Towards the Atlantic (2025)

Quand Pascal Layan décide de larguer les amarres et de voguer en solo sous le nom de Delayan, c'est pour nous offrir une carte postale sonore entre les côtes de l’Atlantique latine et les plages à l'atmosphère anglaise. Looking Towards the Atlantic est un voyage autant intérieur qu’exotique, bercé de mélodies anglo-saxonnes, d’arrangements soignés, et d’un souffle nostalgique bien placé.

Ancien membre de Bristol, Delayan revient des terres lisboètes, riche de ce soleil ibérique, porté par le chant des vagues et les jours plus clairs. À son retour, il compose à la fois à la guitare et surtout au piano qui lui ouvre des perspectives nouvelles pour l’écriture. Dès l’ouverture, English Motorbike, je capte le ton : basse ronde, chœurs entêtants, groove tranquille mais affirmé. Un morceau pour rouler sur une route côtière au lever du jour et avec ce titre, Delayan ne cache rien de ses amours : les années 60-70, la pop anglo-saxonne soignée, les harmonies presque classiques. Je suis plus Bowie que Beatles (pour situer ma modeste culture musicale), mais je pense à The Divine Comedy pour la mélancolie que les mélodies dégagent, à Lewis Evans pour les mélodies enjouées, à Olivier Rocabois (chroniqué par ici) pour les mélodies envoutantes et entêtantes, qui d'ailleurs participe aux arrangements de l'album... Et moi aussi j'aime cette saveur pour la mélodie qui s’étire et qui caresse. To Julian : un moment de grâce suspendu, que c'est beau... J'aime aussi le côté mélancolique de For Me, à sa montée en puissance avec ce qui ressemble à un orgue et au final grandiloquent qui donne ce sentiment que le cœur s’ouvre sur des choses qu’on croyait enfouies. Some Time in May, Was It my Deams ramènent subtilement le disque à cette époque chérie par l'artiste. Delayan maîtrise le dosage : pas de surenchère, peu de bavardage, juste ce qu’il faut de lyrisme pour faire vibrer. Je ressens certaines images, des brumes, le vent d'une côte, le frisson de croiser des références de qualité. La production elle, est élégante sans être clinquante, les inspirations, visibles, mais digérées. Le choix de mélanger le piano, la guitare, les claviers, les chœurs, tout cela donne une richesse de texture pour une musique qui passe mais s'installe. Cet après-midi, le temps s'assombrit à l'extérieur, mon canapé moelleux devient chaud, le disque tourne, je suis en train d'écrire cette chronique pendant que joue Mats Wilander et ce morceau diffuse dans l'air quelque chose de jazzy qui me fait aimer ces moments où le temps s'arrête. Enfin, Give It Back clôt l’album comme une dernière offrande. Délicat, apaisé, qui restitue ce qui a été reçu, le morceau respire la gratitude et la sérénité, plus intime que flamboyant, Delayan y signe un adieu doux, me laissant face à des rêves ouverts. Looking Towards the Atlantic est un album qui se savoure dans l’apaisement. Une œuvre qui parle profondément, qui murmure son amour pour la pop mélodique, pour le voyage imaginaire, pour les racines culturelles, pour regarder vers l’horizon (l’Atlantique peut-être - La Manche pour moi) non pas pour fuir, mais pour se retrouver le temps de quelques très belles mélodies. Et quoi de plus précieux aujourd’hui, qu'un artiste qui nous emmène avec lui ? 

Tracklist
01 - English Motorbike
02 - To Julian
03 - For Me
04 - Home Again
05 - Some Time in May
06 - Mats Wilander
07 - Was it My Dreams
08 - My Song Ain’t for Lovers
09 - Beyond the River
10 - Give It Back

16 mai 2025
Glaz Records 

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