Cali - Vernet Les Bains

En cette fin de journée, le froid tapait fort sur la ville plutôt grise, le soleil s’était fait discret et je m’amusais à découvrir de nouvelles mélodies, de nouvelles paroles tirées tout droit de ce Vernet Les Bains qui venait tout juste de sortir. Elles étaient nombreuses et belles ces découvertes, je pouvais en choisir une et je ne m’en privais pas pour la déguster. Ainsi de suite, jusqu'à un final explosif. 


J'ai tout regardé, tout écouté d'un trait, chanson après chanson.
Comme devant un cadeau, je suis redevenu un enfant émerveillé, et j'ai écouté Cali, qui en bon conteur, racontait la vie. Pour la cinquième fois, il se jette à l’eau, en se disant encore une fois qu’on a qu'une vie, tel un boulimique d'euphorie. Il reprend là une nouvelle longue marche, peut-être un peu plus mélancolique, peut-être un peu plus nostalgique, mais avec toujours ce même manège, cette même quête de l'amour, pour l'amour. Un manège qui tourne, tourne, parfait, éblouissant, chassant les nuages qui résistent, toujours du mieux qu'il peut.

Le troubadour catalan entraîne sur son passage l’enfant qui parcourait les rues, recouvrant peu à peu à chaque pas les pavés humides. A chaque coin de rue qui gravissait un peu plus vers la grande place où se trouve ce manège aux milles couleurs, l’enfant continuait de marcher sur les intonations du chanteur, et sur les premiers chemins où ne fleurissent que les rêves déchus "Ce Soir Je Te Laisse Partir" et les plumes d'oisillon injustement chahutées dans un nid devenu trop petit pour ses parents "Mes vieux Cinglés", il y a beaucoup de choses à crier, il ne laisse pas le choix, encore une fois, mais "L'amour Est Eternel", qu'on se le dise, qu'on se doit de croire, la flamme qui ne s'éteint jamais, redonne des ailes à n'importe quel cœur insensible, même à un moche, même à un cassé. Il suffit de souffler dessus, de fermer les yeux et d'y voir ce que l'on a envie d'y voir, surtout dans les pires moments, comme dans "Je rêve de voir l'été". Un texte fort qu'on aurait sûrement du mal à imaginer penser sur notre futur lit de mort, de peur d'affronter ce moment. Mais tous les moments ont leur lot de bonheur. Surtout quand il s'agit d'un appel à aimer... "Tu Me Manques Tellement" et "Venez Me Chercher" illustre bien que le chanteur cherche (peut-être) toujours ce qu'il n'a pas encore trouvé.

"C'était tellement plus romantique de finir seul et de hurler à la lune que l'amour m'avait tué. 
Ce soir, je prie pour que tout redevienne comme avant."

Et puis à la première intonation du piano de "Amour M'a Tuer" l’enfant tomba sur le sol, remua ses pensées vides et se mit encore à pleurer, tandis que le soleil rougissait derrière les nuages. Cali n'écrira jamais un aussi beau morceau, aussi triste. Et même si des tonnes de déceptions amoureuses resurgissent avec cette chanson, sa présence sur un album studio est enfin méritée.
En se promenant, on a souvent remarqué ces jolies petites mamies aux yeux fatigués mais pétillants, à l'allure doux mais épuisées par les années. "Une Femme Se Repose", raconte un peu comment passent nos vies. On marche tous sur un chemin à la recherche de nos joies, ces petites choses qui, de leurs bras, viennent nous serrer, nous cajoler, nous rassurer, des amis sur qui on peut compter, des amours qui nous font vivre. Et puis avec le temps qui passe, les plus vieux jours s'effacent, des amis partent, des amours se fânent, mais les souvenirs restent. Assise sur un banc, elle se couche encore sur son passé, pour un sourire. Peut-être le dernier, mais toujours le plus beau. Justement, les souvenirs, il faut les entretenir, les faire vivre. Le catalan le sait bien et nous emmène dans les histoires de son passé avec "A La Grotte Des Amoureux" ou encore "Est-Ce Que Tu Te Souviens De Ton Premier Baiser". De belles histoires à écouter, qui nous rappellent nos aventures. Il n'hésite pas, dans ce nouvel album moins rock que La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon cœur mais plus proche de son premier album L'amour parfait, à faire un usage excessif du piano pour faire danser ses émotions. On y retrouve également de l'orgue, du glockenspiel, du fiddle, de la mandoline ou encore le retour du violoncelle, ce formidable instrument capable de faire pleurer n'importe quelle note.

Cali soufflera une dernière chose à l'oreille de l'enfant émerveillé que je suis: que l'amitié est une chose précieuse. "Mon Ami" montre qu'un ami peut avoir un avis de poids (ou pas) dans une décision, avant le spectacle final et enfin monter sur le grand manège  "Happy End" que l'enfant a fini par trouver au milieu de toutes ses rues sombres mais pourtant belles. On y retrouve Miossec, Bénabar, Dominique A, Mathias Malzieu, Diastème, Rachida Brakni... Bref les potes du chanteur, venus tout en humour, se moquer de ses compositions et c'est un régal de retrouver tous ces grands artistes sur une même chanson qui conclut de la meilleure des façons cet opus bien réussi. Je suis émerveillé !


Alors voilà, dans ce jour gris d'automne qui s’achève et après avoir écouté Vernet Les Bains, on songe maintenant avec émotion aux flammes venues éclairer nos pas tout au long de notre vie, ces flammes prises parfois pour de trop belles lueurs avec nos yeux trop grands ouverts, mais en se disant qu'on a su profiter de cette vie. La vie à double tranchant que Cali chante dans son cinquième album studio avec simplicité, amour et sensibilité, comme il sait faire en donnant tout.

facebook.com/brunocali
calimusic.fr

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