Erwan Pinard - Obsolescence programmée
J'aime m'accrocher au livret d'un nouvel album (ou d'un vieux aussi). Pour une exploration sensuelle de ce qui se boit et me désaltère de poésie. Celle qui me transperce comme la plume qui fume d'Erwan Pinard, que je découvre d'une ouïe éblouie.
Inconnu au bataillon de mes connaissances, pas très épaisses cela dit, c'est pourtant son troisième album qui sort début février. Il était donc temps que mon chemin croise le sien. Le verbe gominé, la gratte lubrifiée, les musicos habités, l'auditeur en haleine... Alerte générale ! Palpitation, le rythme cardiaque s'accélère. Coup de foudre et soupir admiratif. Aux premières écoutes des treize pistes d'Obsolescence programmée, se mélange morceau sensuel, dérangeant, désespéré, brutal, puissant, merveilleusement raffiné. En atteste le début de l'album avec l'impressionnant Laisse-moi. Une ballade guitare/voix mi-pessimiste dans les paroles, mi-enthousiaste dans la mélodie, mais terriblement vertigineuse ! Le ton est parfait. Épaté, assommé, j'entre dans l'album dont j'aurais beaucoup de mal à sortir tellement... Tellement c'est beau, flamboyant. Deuxième titre : Comptes à rebours confirme que l'album regorge de surprises. Le rythme change, les guitares s'affolent, le refrain est beau comme un vieux rock'n'roll qui grésille, ça réveille et ça éveille. C'est définitif avec le troisième morceau. Épique et poignante, l’interprétation folk de J'élabore frise la perfection. À coup d'arrangements qui te rappellent pourquoi tu aimes la musique, et à coup de paroles remarquables.
Et lorsque le groupe se lâche dans une symbiose totale, ça donne de magnifiques titres comme Pénurie, A quoi bon et surtout Tranquille. Aussi fous que lumineux. Tranquille, l'information désinformée est abordée avec une ironie franche où cordes, cuivres, harmonies vocales célestes, viennent offrir une performance s'approchant des plus grands. Dans l'album, on croit entendre Ferré par détails, Thiéfaine dans quelques couplets, Tom Waits dans l'attitude, Christian Olivier dans la texture, mais c'est bien à un auteur-compositeur-interprète désirant exploiter toutes les facettes de sa créativité à qui nous avons affaire. En plus d’être un chanteur techniquement très habile et charismatique, Erwan Pinard est un parolier ou poète (comme tu veux) de haut niveau. Juste avec les titres Qu'as tu été capable de faire par amour ? L'impossible et Les queues de poisson, vous pouvez vous imaginer le talent littéraire qui habite le bonhomme. Un passionné vif. Et ça se ressent dans sa musique. Vif aussi comme un écorché sur Colère et qui sait se montrer apaisé et apaisant sur Fleur d'oranger. J'en ai fait des manières et des champs lexicaux / Pour que de mon vocabulaire ne me restent que ces mots / Je t'aime. Dernier coup de cœur, je lâche la chronique, je m'efface sur une dernière ballade folk où mon âme tombe des nues, là, au milieu des cordes qui dansent et flottent sur une voix précieuse. Eau de vie par sa fanfare mélancolique, annonce la fin sur une merveilleuse découverte.
Pour résumer, Obsolescence programmée est aussi intense qu'une première nuit d'amour parfaite, avec ses préliminaires, ses montées et ses descentes, ses va-et-vient, ses intensités et ses moments calmes. Erwan Pinard lui, est grand, très grand, presque démesuré face à mon émerveillement. Je vais mettre d'ailleurs du temps à me remettre de cet album retournant et rapidement indispensable.
myspace.com/erwanpinard
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Encore une chronique qui donne envie, un enthousiasme communicatif.
RépondreSupprimerSur l'extrait proposé... une voix singulière, reconnaissable, et les mots égrenés.
Un de plus à ajouter à ma liste des artistes à écouter...
un très grand!!
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