Keith Kouna - Bonsoir Shérif

Avec la parution de Bonsoir Shérif, Keith Kouna nous propose un quatrième album aux saveurs punk-rock méticuleusement concoctées. Avec énormément de panache pour une grosse dose de vitriol dans la face. Ça brûle et ça fait du bien, moi qui me suis éloigné depuis longtemps de cette scène-là...


Comme en témoigne cette galette thématique et idéale pour toute une génération de révoltés, la démarche artistique de Keith prône le mouvement. Celui de mots incisifs accompagnés de guitares et de basse hurlantes, de batterie organique et de thèmes du quotidien avec ses déboires et ses joies, tout ça s’unissent en totalité dans un univers punk-rock 80/90's finalement contemporain. Bonsoir Shérif est un capharnaüm de morceaux engagés, un peu enragés aussi, alliant différents souffles. avec sa propre poésie et sa justesse de ton, l'artiste frappe à la gueule du monde à coup de musique rentre-dedans. À la façon de Ding Dang Dong, premier titre là pour nous réveiller. C'est drôle sur le coup, mais ce qui va suivre sera encore plus efficace, où toutes les chansons défilent pour nous éveiller face à cette époque qui nous endort, ce monde de marde, comme ils disent. Sans pour autant faire la morale, Keith hurle à qui veut bien comprendre. Je ne pourrais passer sous silence certaines ballades époustouflantes comme la magnifique, la sublime, la puissante Berceuse en fin d'album. Tantôt incisives donc, tantôt posées, les portions instrumentales de Bonsoir Sherif varient agréablement de morceau en morceau. Tout au fil de l’album, Kouna assume et intensifie ses propos comme avec le cas Vaches, critiquant discrètement les membres de la société. Si les autres morceaux semblent me cantonner dans une certaine tradition punk, le propos, lui, reste toujours incisif. "Coup de gueule contre la connerie générale, les rectums en chefs, les gérants d'estrades, les bons citoyens, les gourous politiques, religieux et médiatiques, leurs ouailles en colère et tous ceux prêts à tuer ou mourir pour un pays, pour une croyance, pour du fric ou pour avoir le dernier mot". Perte de repères sociaux, idéologies politiques désespérantes, désabusement et désespoir face à l’état des lieux de cette planète qui part en sucette en ces temps troubles de sécurité absolue, d'extrémismes de tout bord, d'idées et d'opinions qui nous enfonce un peu plus chaque jour dans la peur et la haine, les thèmes explorés trouvent la faille en moi pour me mettre une claque dans la tronche. Moi ou eux. Tous en général. Pour le coup, Keith Kouna exprime une saine colère tout à fait justifiée compte tenu du contexte actuel. Et ça fait du bien, pour toutes les générations confondues. Me replongeant dans mes amours pour les bérus, les Shériff, Guérilla Poubelle, ou encore de l'autre côté de l'atlantique avec Eric Panic, cet album pouvant révolutionner certaines consciences un peu trop faibles, est attachant par son mérite d’être d’une sincérité incontestable. Et puis, afin de solliciter tous nos sens, la pochette et le livret est un vrai régal pour les yeux... À caresser allègrement.


Ne connaissant pas Keith Kouna avant de découvrir ce nouvel album, l'auteur-compositeur-interprète irrévérencieux m'offre le temps de dix chansons, un retour tout à fait pertinent sur la scène alternative punk française, que j'ai fort apprécié.

Tracklist
01 - Ding Dang Dong
02 - Shérif
03 - Vaches
04 - Poupées
05 - Congo
06 - Pays
07 - Doubidou
08 - Marie
09 - Madame
10 - Berceuse

08 juin 2018
Ambiance Anbigües / Ulysse

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