David Bowie - The Next Day

The Next Day, sorti une décennie après son précédent album studio Reality, est le premier à être publié après ses problèmes de santé en 2003. Beaucoup de fans avaient conclu que David Bowie avait décidé de se retirer avec élégance, nous laissant avec un des héritages musicaux les plus créatifs qu'il soit. C'était une consolation envisageable. 


Comme beaucoup de gens de ma génération (et surtout de celle d'avant), Bowie a d'abord bercé mon adolescence. Partageant mes doutes et mes fantasmes, je suis devenu accro à cet inclassable artiste. Donc, étant un fan de longue date, il était normal de se jeter sur ce nouvel album sans retenue. Après des tubes énormissimes comme Changes, Life On Mars, Starman, Rebel Rebel, Let's Dance, Aladdin Sane, Ziggy Stardust, Heroes et bien entendu Space Oddity que pouvons nous attendre de plus ? De mieux ? Pouvait-il faire mieux d'ailleurs ? Ce qui est sûr, et après avoir écouté cet album, David Bowie n'était pas revenu par acte de nostalgie, comme un ancien combattant, raconter ses exploits passés ou simplement pour faire comme tous les vieux artistes qui reviennent pour ne pas être oubliés. The Next Day n'était pas un voyage dans le passé et s'inscrivait dans l'air du temps. 

A l'époque, après n'avoir entendu l'album "que'' quelques fois, je me suis abstenu de faire un éloge trop expressif et de crier que c'était un chef-d’œuvre, mais il n'en était déjà pas loin dans mon cœur. Neuf ans plus tard je persiste dans les éloges. L'album commence avec The Next Day un morceau lyriquement assez sombre et musicalement très énergique... "Here I am not quit dying, My body left to rot in a hollow tree, its branches throwing shadows on the gallows for me - Ici, je ne suis pas tout à fait en train de mourir, mon corps se laisse pourrir dans un arbre creux, ses branches jetant des ombres sur ma potence"... en fait c'est très sombre. Dirty Boys, le deuxième morceau, l'est un peu moins, mais reste dans la même lignée. C'est lourd, sombre, mais tellement bon. A coup de riffs et de saxo bondissant, c'est rock, plutôt réussi et efficace. Même si à l'oreille, la voix a logiquement changé, l'énergie et l'univers de Bowie n'avaient pas pris une ride. Il avait gardé son allure de toujours, cette classe qui l'élevait au rang de ces légendaires chanteurs encore en vie activité. The Stars (Are Out Tonight) a le potentiel pour rejoindre les grands cultes de la longue carrière du chanteur. Le morceau frais, optimiste et très contemporain ressemble pourtant a quelque chose de déjà entendu. Sans aucun doute il y a le coup de pinceau de l'artiste, ce qui rend le contraste du morceau encore plus beau. (You Will) Set The World On Fire serait également un concurrent pour être l'un des meilleurs morceaux de l'album. Toujours avec cette rage à coups de riffs de guitare et une touche folk 60's dans l'interprétation qui rend le morceau appétissant. Tout comme Where Are We Now le premier morceau entendu avant la sortie de l'album. Une chanson avec une sonorité douce, une ballade triste mais pas que... une performance intime et touchante tout comme Valentine's Day... En fait je ne saurais dire quel est le meilleur morceau de l'album... Dans Valentine's Day, l'intensité est immense lorsque la chanson atteint son apogée à la fin quand la guitare et la voix s’entrelace comme jamais. Un cœur sensible ne peut que frétiller et n'importe quel couple d'amoureux ne faire qu'un sur un slow brûlant. D'autres titres me procurent d'excellentes sensations. Je songe à Love Is Lost : "Dites adieu aux sensations fortes de la vie où l'amour était bon, dites adieu à la vie sans douleur..." avec toujours des paroles obscures, du moins celles que j'ai réussi à traduire. J'aurais aimé me retrouver en plein concert pour danser et reprendre en chœur le "Ya Ya Ya Ya" de How Does The Grass Grow ? J'apprécie particulièrement le coté rauque et frénétique de If You Can See Me, un morceau à écouter à volume maximum et le côté funky de Boss Of Me qui prouve que l'artiste n'hésitait jamais a se tourner vers différents styles et les maîtriser à merveille. La preuve, il peut enchaîner avec You Feel So Lonely You Could Die dans une ambiance feutrée-rock années 50/60 à la Presley... Enfin l'album se termine avec Heat. Un morceau synthétisé et sous tension qui me rappelle l'étrange envoûtement de Space Oddity. Pour une belle fin d'album, c'était une belle fin.

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