Tels Alain Bashung
Un immense poète, un chanteur engagé, un artiste hors norme venait de nous quitter le 14 mars 2009. Et c'est pour un hommage tout à fait légitime que sortait Tels Alain Bashung deux ans après la triste disparition. Une compilation qui montre, si on en doutait, que le chanteur a influencé une grosse partie de la nouvelle scène française de l'époque.
Alors oui, beaucoup se méfient des compilations hommage, qui peuvent souvent se transformer avant tout en intérêt commercial. Pour ma part je ne trouve pas que ce soit le cas, et dès la première écoute de cet album, bien qu'il y ait quelques artistes qui ne font pas partie de ma culture musicale, si je devais creuser pour trouver un point négatif à cet album, je passerais des jours et des nuits à le faire en vain jusqu'à me retrouver en Chine.
Cet album est plutôt une réussite. Mais après tout, il s'agit bien d'Alain Bashung non ? Alors tout est naturellement fait dans l'art. Néanmoins, le choix des artistes laissera sans doute certains sceptiques sur la touche. Mais au lieu de juger sur des petits détails qui finalement n'ont pas une si grande importance, plongeons-nous surtout dans le souvenir d'un chanteur qui aura laissé derrière lui une œuvre magistrale. Parce que si on va dans l'extrémité d'une certaine logique, il est évident que seul Bashung pouvait chanter du Bashung. Même qu'il était le meilleur pour chanter les autres.
D'entrée la première chanson nous ramène à une deuxième peine. Après la disparition de Bashung, on peut regretter la séparation de Noir Désir. Surtout quand on écoute se laisser embarquer dans Aucun express, magnifiquement interprété par Bertrand Cantat, tout en délicatesse et tendresse. Cette reprise constitue aussi le dernier morceau de Noir Désir en studio, qui avait auparavant collaboré avec Alain Bashung sur le non moins excellent morceau Volontaire.
Gaëtan Roussel chante J'passe pour une caravane. L'artiste en vogue dans le début des années 2010, s'offre une chanson qui lui va comme un gant. Le mariage de sa voix sur l'univers de Bashung est très bien réussi. On se laisse embarquer à la première écoute. C'est sympa, mais Gaëtan pour moi c'est Louis Attaque. Mais c'est sympa.
Madame rêve. Avec un titre pareil, qui de mieux à l'époque que Matthieu Chedid pour l'interpréter ? Même aujourd'hui remarque. Pas besoin de faire de grand discours, juste "sublime" suffira à décrire cette reprise sur un nuage.
Ma petite entreprise. Benjamin Biolay ce n'était pas ma tasse de thé à l'époque de la sortie de cet album hommage, mais j'avoue que j'ai laissé mon corps se déhancher sur ce morceau. Bien joué ! Depuis j'ai appris à le connaitre et à l'apprécier mais pas grâce à cette reprise.
Keren Ann, Je fume pour oublier que tu bois. Possible que les inconditionnels de Bashung aient pu crier au scandale. Mais elle est pas si vilaine que ça cette reprise. Bien au contraire, rafraichissante, dansante, j'ai adhéré direct quand j'ai entendu le titre, et j'adhère toujours volume à fond. Keren elle a vraiment une jolie voix envoutante !
Angora par Vanessa Paradis. C'est doux et on sent beaucoup de respect et d'amour dans l'air. On s'y sent bien également. Johnny Depp à la guitare en plus, un cocktail glamour tellement 2000/2010. Paradis apporte avec sa voix une touche féminine (forcément), une touche de grâce à cette chanson.
Volutes par Stephen Eicher. Exit l'harmonica, place au violon. Sortez vos mouchoirs, Stephen est dans la place !
2043 par Dionysos. Y a pas à dire, si on aime le groupe, on s'aperçoit qu'ils ont choisi une chanson qui colle terriblement à leur univers, et c'est vraiment très jolie, de l'huile dans la mécanique de mon cœur.
Alain Bashung avait déjà repris une chanson de Christophe, c'était Les mots bleus. Passons les déclarations sensationnelles sur cette reprise car ça prendrait soixante trois lignes de plus et peur de faire pleurer l'assemblée, mais signalons que le regretté Christophe venait de renvoyer joliment à son tour l'ascenseur avec Alcaline. J'ai envie de crier, crier pour qu'ils reviennent tous les deux...
Les BB Brunes - un groupe auquel je n'ai jamais vraiment accroché et je ne sais toujours pas pourquoi. Mais force est d'avouer que le groupe réussit le pari de reprendre de façon magnifique Gaby Oh Gaby. 'Fin moi j'aime bien, c'est rock'n'sympa, c'est une belle surprise. Je m'attendais au pire et puis finalement...
Tout comme certaines chansons citées plus haut, voilà encore une reprise qui colle parfaite à un invité. Miossec s'offre Osez Joséphine. C'est un beau cadeau pour notre âme, incontestablement.
L'apiculteur par Raphaël. Une touche d'orgue qui sonne comme un adieu. Une voix tremblante, qui dénude une certaine émotion. Un dernier morceau pour finir le voyage d'un univers qu'on ne se lassera jamais d'écouter.
Voilà.
Et nous pourrions rajouter La nuit je mens magistralement interprété par Hubert-Félix Thiéfaine (voir ici).
En résumé, et sans vouloir me répéter, j'ai toujours trouvé cet album hommage très réussi à chaque fois que je l'ai écouté. Dans chaque interprétation, on sent une certaine sensibilité, une émotion évidente. Alors c'est sûrement fait exprès -le contraire aurait été étonnant- mais si on aime Alain Bashung on est forcément touché. Non ? Et même si musicalement c'est difficile parfois d'entendre autre chose que l'original, c'est intéressant de retrouver des morceaux avec des sonorités différentes pour qu'au final, tout nous renvoie quand même à une seule image, celle d'un artiste qu'on aime toujours autant.
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