Maud Lübeck - 1988, chroniques d'un adieu
Page encore blanche. Ce matin, Maud Lübeck arrive en même temps que la pluie. Je glisse le disque dans mon lecteur, je m'installe. Le jour vient à peine de se lever, le café est bouillant dans ma tasse et l'Ouverture par Irène Jacob de ce nouvel album intitulé 1988, chroniques d'un adieu, me bouleverse déjà.
Pour ceux dont ces abominables accidents de la route ont pris la vie d'un(e) ami(e), d'un(e) proche, les nuages de pluie de ce matin sont laids. Pourtant le piano et la narration d'Irène Jacob font flotter dans l'air une ambiance loin d'être morose dès le morceau d'Ouverture. Doux. Sensible. Le gris du ciel ne m'étouffe pas. En tout cas pas aussi lourd que le secret d'une adolescente de quinze ans en 1988. Trente-quatre ans plus tard, à l'instar d'un talentueux Alex Beaupain, Maud Lübeck exorcise les maux de cette adolescente par les mots, libère le poids de ses sentiments par la musique en propulsant, deux ans après Divine, un disque-fleuve chargé d'émotions. Un album-concept à s'offrir comme un recueil de poèmes, comme un roman-musical, qui se lit comme il s'écoute du premier titre au dernier. Certains de mes souvenirs m'échappent, les connexions entre l'œuvre de l'auteure et la vie de l'auditeur ne peuvent être qu'évidentes. Dans ce miroir aux âmes déchirées, le chant est sublime, le piano est indescriptible, l'arrangement des cordes est si riche, les textes sont si fragiles et beaux. La musique n'est pas que plaisir, elle se fait aussi magnifique quand elle vient arracher des sensations difficiles, puisées au fond du cœur, quand elle rend les yeux humides, quand elle ouvre des tiroirs aux souvenirs pour panser encore et encore les cicatrices du passé. Arrive rapidement 1988, dernier morceau instrumental et éblouissant. Le son d’un tourne-disque s’arrête à la fin du titre, mon café est froid, dehors le temps n'est pas mieux mais je suis resté là, debout derrière ma fenêtre, accompagné quelques longues minutes par un silence puissant et bouleversant.
Un album d'une beauté sublime et intense.
Tracklist
01 - Ouverture (avec Irène Jacob)
02 - Un jour sur Terre
03 - L'éternité
04 - Pourquoi
05 - Était-ce toi (avec Clotilde Hesme)
06 - Mes lendemains
07 - En parallèle
08 - Non (avec Nicole Garcia)
09 - Aucune
10 - Au voleur
11 - 1988
11 février 2022
Label Finalistes
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