Astéréotypie - Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme

Après 16154 écoutes ça me fait toujours le même effet furieux. Oui, furieux, telle est ma réponse. Furieusement conquis, furieusement charmé et furieusement enthousiaste. Furieusement perturbé aussi, comme un épileptique en période de Noël.

Je suis furieusement content car cet album est une claque. Astéréotypie est la deuxième claque d'après, celle qui secoue les neurones. C'est brut, c'est pure, c'est vrai, sans fioritures, sans masques, sans artifices. Loin d'être étrange mais surréaliste, d'une frénésie assumée, la force de cette musique post-punk-noise-slam, quelque part très loin entre Lucrate Milk et Stupeflip, se trouve dans le talent de jeunes gens entièrement passionnés, issus d’un institut médico-éducatif. Accompagnés par Christophe L'Huillier à la guitare, d'Arthur B. Gillette et de Eric Tafani, tous deux membres du groupe Moriarty aux textures sonores de la guitare et de la batterie, puis de Benoît Guivarch qui joue des claviers et des synthés modulaires. L'une des forces de cet album se trouve dans les thèmes abordés. Saloperies en tout genre d'une époque trop souvent dictée par des gens inintéressants qui se croient intéressants et que le collectif nous renvoie dans la tronche, avec sa lucidité et sans mettre de gants. Pourquoi ? Comme un effet miroir, certains critiqueront car ils se sentiront visés et logiquement vexés. Tant mieux. D'autres jubileront, et nous sommes nombreux. Tant mieux. La télé-réalité poubelle, la surconsommation, les réseaux sociaux mon cul, la normalité assommante, l'absurdité dérangeante, la vie réelle agaçante, les grands faits divers sans intérêts, rien n'est épargné et tout est scandé d'une sincérité énorme. Un "j'irais chier dans ton vomi" en somme, sans tomber dans la vulgarité. Et qu'on arrête d'insister que c'est drôle, même si l'humour est présent, c'est surtout criant de vérité, c'est secouant de logique, ça remue dans tous les sens, ça torture ceux qui sont figés. Dans la poésie d'Astéréotypie, j'y trouve une certaine similitude avec l'univers de cet auteur foutraque et lumineux qu'était Richard Brautigan. Cet auteur que les gens tristes prenaient pour un fou dans le mauvais sens du terme. Comme avec ses livres, dont les œuvres ont conditionnées ma construction personnelle, je rajoute une pierre à l'édifice bancal de ma vie avec les disques du collectif. Par exemple, L'énergie positive des Dieux (2018) est monstrueusement sublime et j'aurais l'occasion d'y revenir sur Break musical quand le titre Colère arrêtera de résonner en moi comme une psychanalyse. Voilà, derrière la plume, Claire, Yohann, Stanislas, Aurélien sont exceptionnels. Ils sont formidables. Ils écrivent, scandent, slament, s'expriment avec une liberté comme peu de survivants du réel réussissent à le faire. Derrière le micro, ils prennent un plaisir contagieux. Oui, ils sont formidables. Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme est un chef d’œuvre et je suis furieusement heureux d'avoir leur musique dans ma bulle au quotidien, elle aide beaucoup énormément et nous enseigne que la différence n'est pas un obstacle, mais une richesse !



Tracklist
01 - Le Pacha
02 - Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme
03 - Mon chat a 44 ans
04 - Vivre soit 2
05 - Iphone X
06 - Du vélo à Saint-Malo, du kayak à Saint-Briac
07 - Joseph Da-xrus
08 - Bonjour
09 - Ponio
10 - Reine d'un sort
11 - 20 ans
12 - Fantôme de Broglie, fantôme de Strasbourg
13 - Les dates dans ma tête

29 avril 2022
Air Rythmo / La Belle Brute


www.facebook.com/Astereotypie
www.astereotypie.bandcamp.com

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