El Comunero - Raices y semillas
Fin décembre, je descends dans le Sud pour les fêtes et c'est le moment où je décide de découvrir (enfin) le cinquième et dernier album en date du collectif Toulousain sorti un mois plus tôt, et je peux dire que le voyage est beaucoup plus intéressant que prévu.
Je voulais de la musique qui colle à l'atmosphère, aux couleurs et aux sensations qui réapparaissent quand on s'approche de la Méditerranée. Je voulais une b.o qui aide face à ces moments particuliers que l'actualité nous rappelle sans cesse. Ces ballades chantées en espagnol (entre autres) me rappellent à quel point cette langue peut emporter l'auditeur très loin dans les sensations. C'est mon cas, je regarde le soleil couchant sur l'horizon que mon train longe, en écoutant en boucle Canción de Bourg Madame, l'une de mes préférées du disque, et les souvenirs d'une ancienne vie catalane se rapprochent de plus en plus. Musicalement, elle m'emporte aussi haut que le sommet du Carlit, elle m'émeut par ses mélodies, pour son histoire, pour la liberté qu'elle chérie. C'est qu'il n'y a pas de frontières chez El Comunero, cette musique-là elle est libre et elle voyage avec ses revendications, ses contestations, ses convictions et surtout ses émotions dans ses bagages. Chez El Comunero la transmission est là, elle est forte. S'il peut être difficile de traduire parfaitement les paroles (sans chercher à les lire), on comprend vite que les thèmes ne sont jamais choisis par hasard dans l'univers du groupe qui se veut passeur d'histoires, pour ne rien oublier. Ne rien oublier du pire, pour un autre monde. Et ça chante par-ci (à merveille) les plus beaux poèmes et ça chante par-là de superbes chansons d'une époque tristement inspirées par le fascisme de Franco, par les guerres et les révoltes, d'Espagne en Argentine, par la précarité, par toutes sortes d'injustices, par hommage aux résistances. Quand mon adoptive grand-mère galicienne se retrouve dans le camp d'Argelès du temps de la Retirada ou que mon arrière-grand-père maternel italien s'exile en Bretagne pour fuir Mussolini, il m'est interdit de faire l'impasse sur de tels projets, parce que d'une, nous sommes ce que nos ancêtres ont vécus, et de deux c'est le genre d'album qui nous élève vers de belles lumières, Zemmour en PLS. De ces racines musicales d'hier, El Comunero sème des graines pour aujourd'hui, pour demain, pour rassembler. Ça fleurit forcément dans les âmes. Plus les titres défilent, plus l'envie d'en savoir plus est grandissante. Je découvre ainsi qui est Rosario Sanchez Mora, la dinamitera espagnole, militante engagée au début de la guerre d'Espagne. Je redécouvre une version de Luna tucumana que chantait Mercedes Sosa. Je me fascine incroyablement de Cancion de Bourg Madame qui évoque l'arrivée des réfugiés espagnols en 1939 dans les Pyrénées françaises. J'aime l'idée de Bienvenido en Guernica qui replace la chanson de luttes d'époque dans le contexte actuel. J'applaudis vivement quand je me retrouve bercé, subjugué, submergé par Nada mas qui clos magnifiquement l'album. Rien de plus et surtout rien de moins. Je relance le disque au début, La balada de Cara Quemada était bien la bombe musicale à retardement qui annonçait une explosion d'émotions et de bonnes vibrations dans les onze chansons qui suivirent.
Tracklist
01 - La balada de Cara Quemada
02 - Rosario Dinamitera
03 - Luna tucumana
04 - Destellos de esperanza
05 - Gallo rojo gallo negro
06 - Hijo del viento
07 - Desterrados
08 - Cancion de Bourg Madame
09 - Daloy politsei
10 - Bienvenido en Guernica
11 - Luna y Pasionaria
12 - Nada mas
18 novembre 2022
Tu veux qu'on en parle / L'autre distribution
www.elcomunero.fr
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