Hubert-Félix Thiéfaine - Unplugged (2024)

Ce Unplugged n'est qu'une attirante envie de revenir en arrière, aspiré par les vertiges infinies et profonds de mes résonnances intimes avec les chansons de Hubert-Félix Thiéfaine

Ce Unplugged qui sort en album physique n'annonce rien d'autre que la fin d'un diptyque live qui vient tristement de s'achever (enfin triste pour moi, pour nous les fans, rien de grave hein !). Ce Unplugged était aussi la joie de retrouver HFT, après la sortie d'un Géographie du vide (2021) qui a mis longtemps à venir.

Ce Unplugged a une saveur particulière. Je le trouve désormais magnifique, après en avoir eu un goût amer en bouche. Je n'ai vu qu'une date sur cette tournée, à Fougères dans une salle dégueulasse qui ressemblait à une salle des fêtes pour faire des lotos de vieux un samedi soir, avec des pauvres chaises pliantes. Trop grande, trop froide, la scène trop loin, trop de têtes, trop de cheveux devant moi, et Hubert-Félix surprenant qui arrive sur scène avec un pauvre vieux pull en laine, des lunettes de pépé sur le nez et un gros rhume. Il avait peut-être une chemise à carreaux... Bref.

L'album est là. Il suffit que La ruelle des morts retentisse pour effacer l'ardoise de mon dégoût des goûts qui ne me plaisent pas trop trop. J'entends trois notes de piano, applaudissements, il doit arriver sur scène, le violoncelle, un petit chat dans la gorge pour le chanteur et me voilà poussé dans le précipice pour mon traditionnel effondrement intérieur où rien ne semble être un dommage collatéral, bien au contraire. Quelle version fantastique pour l'un de ses plus nostalgiques morceaux. Et il l'est encore plus dans cet habillage acoustique.

Le saxo me caresse le dos.
Hubert-Félix Thiéfaine me fascine toujours autant qu'il surprend. 542 lunes et 7 jours environ, et me voilà d'une manière définitivement englouti. Ce goût amer dans ma bouche n'est qu'une vieille histoire lointaine. J'en veux juste à la vie et au monde entier d'avoir posé mon uniquement chemin pour cette tournée sur celui de cette salle. Je me suis bien rattraper avec la deuxième tournée. Mais le live est formidable, je l'entends comme je l'ai imaginé l'aimer profondément. Comme j'aime cette version d'Animal en quarantaine. Cette chanson, quoi ! Celle qui traverse mes nuits, intensément, et qui fait de moi cet héros de l'Odyssée luttant pour échapper aux chiens de mer. Me voilà guidé par cette voix sortie au grand jour pour me sortir des gouffres nocturnes de mes ténèbres. Juste une valse noire et en quatre titres je me retrouve avec l'un de mes albums préférés de l'année dans le cœur. Pour le choix des titres d'abord, pour ces nouvelles versions ensuite, pour entendre toujours cette voix paternelle, pater noster, enfin. Même vieillit, il est encore là, profitons-en. Il m'aidera même à retrouver quelques sentiments pour cette bonne vieille Lorelei Sebasto Cha avec qui j'ai trop flirté pendant trop d'années avant d'en être lassé.

Aux rayons des émotions, Reykjavik me fait quelque chose. Quoi ? Il faut être dans mon corps quand le refrain arrive pour comprendre. J'ai si peur de la fin, je ne veux pas me retrouver tout seul. Je t'en remets au vent ? Je m'en remets une couche. Cette fois-ci j'ai envie que les larmes viennent, celles qu'on aime, celles qui sont chaudes. La voix de ce chanteur de 73 ans est juste incroyable et la chanson ne prend toujours pas de rides. Je m'étais promis durant cet été 94 qu'on vieillira ensemble, je t'applaudis encore. Tu es toujours aussi belle. Je t'ai même applaudi debout il y a deux ans au milieu des culs assis, dans cette salle immonde avec ses pauvres chaises pliantes en plastique et ce gros rhume qui pendait au nez du Jurassien. C'est bon je pleure, à l'intérieur, parce que Vendôme Gardenal Snack sera le chef-d'œuvre de ce disque, sera mon histoire de cœur avec cet album, avec cette tournée. C'est là où tout bascule, où tout se bouscule quand s'en suit Les dingues et les paumés pour dix minutes en apesanteur au-dessus de la vie. C'est calmement émouvant. J'écoute et je m'émeus, je frissonne, je me laisse envahir par les cordes du violoncelle. Ça pique, ça tire, ça me retourne, batterie, je ne suis plus en apesanteur, je suis en orbite. La ballade d'Addallah Geronimo Cohen aura droit également à ce voile acoustique qui lui va si bien, un harmonica en prime. Pas moins de vingt minutes pour ces deux morceaux dantesques, c'est une belle définition du bonheur.

Point de Fille du coupeur de joints, c'est Page noire qui fermera le rideau de cet album qui matérialise une tournée débranchée. Acoustiquement très bon et très intéressant, dans ce live on y retrouve un reflet peu habituel de son univers musical tout en gardant la même singularité qui fait son charme aussi captivant. En attendant le rebranchement des guitares avec la sortie du Replugged, j'y retourne. Je me souviens qu'à la fin de ce concert dans cette salle de Fougères, ce n'était pas mon meilleur show mais j'étais debout, les yeux qui pétillaient par ce moment vécu.


Tracklist
01 - La ruelle des morts
02 - 52 lunes et 7 jours environ
03 - Animal en quarantaine
04 - Juste une valse noire
05 - Lorelei Sebasto Cha
06 - Reykjavik
07 - Je t'en remets au vent
08 - Fotheringhay 1587
09 - Pulque, Mezcal y Tequila
10 - Elle danse
11 - Demain les kids
12 - Vendôme Gardenal Snack
13 - Les dingues et les paumés
14 - La ballade dAbdallah Geronimo Cohen
15 - La fin du roman
16 - Petit matin 4.10 heure d'été
17 - Page noire

15 novembre 2024
Sony Music


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