Kevin Galland - In the Silence Between Worlds (2025)
Voilà un bel album suspendu entre le souffle des rêves et les battements du cœur. Dix morceaux pour arpenter un ailleurs sans carte ni boussole, porté par une musique qui épouse le silence au lieu de le fuir. Je viens de parcourir une partie de la côte bretonne à vélo, et comme j’ai envie de tomber dans la plus belle des nostalgies, ce disque tombe à point nommé pour m’accompagner dans ces post-vacances d’extrême liberté.

Compositeur discret mais exigeant, Kevin Galland (Coilguns, Closet Disco Queen) évolue à la lisière des genres : folk, ambient, néo-classique, electronica minimaliste… Ses paysages sonores ne cherchent pas à captiver l’auditeur par la force, mais à l’attirer doucement, comme un courant d’air ouvre une porte entre deux mondes. On glisse lentement dans ces textures soyeuses, parfois à peine perceptibles. Le reste agit de lui-même. Les sensations, les vibrations, le corps en éveille, le cœur en alerte. Les notes tombent au compte-goutte, comme si elles pesaient trop lourd d’émotion pour être lancées à la volée. Je pense à Nils Frahm, à Mark Knopfler de l'album Privateering, The National, Thom Yorke... à ces compositeurs qui ont compris que le vide peut être aussi expressif que le plein. Chez Kevin Galland, les silences ne sont pas des absences : ils brillent et sont terriblement contagieux.
Je pourrais m'arrêter sur le titre éponyme In the Silence Between Worlds et l'écouter des jours entiers. En quatre minutes précises, la musique devient un miroir de transition : émotions mêlées, regrets et clairvoyance, traversant l’âme comme une lueur dans l’obscur. L’errance chromatique du refrain, née d’une erreur heureuse du compositeur, crée une tension et un vertige subtil où le passé, les souvenirs et les blessures se rencontrent et moi, à l’écoute, je ne saisit pas seulement une chanson, mais un passage émotionnel, un petit vortex de nostalgie, de vulnérabilité et d’élan vers une lumière intérieure comme un réconfort. Cette chanson est clairement vertigineuse sans pour autant faire éclipse à d'autres titres magnifiques. The Sky is Falling, Cave In, The Wolf, ...But Always the Same (putain les frissons envahissants), Thaw pour conclure en beauté. Les onze titres du premier album de l'artiste suisse dessinent une trame éthérée, quasi cinématographique. On ferme les yeux, et les images viennent d’elles-mêmes : un monde à la dérive, une forêt au lever du jour, des souvenirs palpables restés intactes. C'est bien plus qu'un album à écouter en fond sonore, bien qu'à la lumière tamisée d'un début de nuit le moment pourrait être parfait, c’est une œuvre à habiter profondément. Parce qu'en ces temps saturés de bruit et de vive allure, In the Silence Between Worlds propose une alternative précieuse : ralentir, ressentir et respirer. Être nostalgique, être rêveur, songeur, contemplatif... C'est une musique qui ne s’impose pas, mais qui demeure pour ressentir ce qui nous fait le plus vivre.
Tracklist
01 - Fall, Again
02 - The Sky is Falling
03 - Vestmanna (mantra)
04 - In the Silence Between Worlds
05 - Cave In
06 - Get Out
07 - From Here
08 - The Wolf
09 - La Chaux-de-Fonds (mantra)
10 - …But Always the Same
11 - Thaw
Humus Records
06 juin 2025
www.hummusrecords.bandcamp.com
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