Les Hurlements d'Léo - Sirocco (2025)

Un peu de chaleur ne nous ferait pas de mal en ce mois de septembre encore estival, n’est-ce pas ? Mais attention : quand je parle de chaleur, il s’agit plutôt d’un souffle brûlant, d’un vent qui décoiffe et réveille nos âmes fatiguées, pas d’un simple rayon de soleil paresseux qui se bagarre entre deux bourrasques de Tramontane. Avec Sirocco, Les Hurlements d’Léo nous embarquent dans une nouvelle traversée intense, entre cris de fraternité et ballades cabossées. Comme ils savent si bien faire, comme ça fait si bien du bien. 

Le retour d'R1 Wallace aux côtés de Kebous n’est pas anecdotique : c’est le cœur qui bat plus fort. c’est comme deux chiens qui n’aboient pas pareil mais qui flairent la même chose : l’urgence de chanter, de gueuler, de dire, de partager. Y a dans leurs voix ce frottement qui gratte la colonne vertébrale, cette complicité rugueuse, comme deux frères qui se chamaillent mais finissent par trinquer au même comptoir pour finir par chanter plus fort que la tempête qui s'agite à l'extérieur. Je ne voulais pas de nostalgie dans cette chronique, mais quand je les entend chanter ensemble je retrouve la sensation de mes vingt ans. C'était mieux avant, mais c'est tout aussi bien maintenant ! Car quand Il en faudra des soleils ouvre le bal, c'est magistral, comme une gifle lumineuse, un coup de soleil en pleine poitrine, c'est la promesse qu’après la nuit, il y aura toujours un matin plus fort. Se promettre qu'il en faudra des soleils, c'est nourrir l'espoir qui sommeille en nous, mettre de la poésie dans sa vie... Vient ensuite le tourbillon de cuivres et d'accordéon qui claquent et pleurent tour à tour, donnant aux refrains cette dimension de fanfare rock voyageuse. Les textes, eux, piquent et secouent mais finissent toujours par réchauffer l'âme, ils ne sont jamais que des mots, mais des tourments domptés, des colères partagées, des tendresses retrouvées. Balancés avec la poésie sociale qui a toujours nourri le groupe, les titres de Sirocco portent tous la trace d’une histoire, celle de la rue, celle de rencontres, celle de sourires et de cris, celle d’une mémoire collective et intime, relevée par le souffle d’une fanfare qui ne lâche rien. Sous ce ciel en symphonie, j'aime traîner de morceaux en morceaux, en m'arrêtant sur certains pour flâner un peu plus longtemps. Sirocco laisse passer des moments suspendus, où la lueur reprend ses droits. On pense à ces ballades où batterie et guitares électriques prennent la lumière (D'autres rêves), juste avant que les cuivres reviennent réveiller la foule endormie (India Sunday Pelouz). Ce jeu d’équilibre entre colères et douceurs, entre esprit de fête (Matador) et belles mélancolies volontaires (Litanie, La cuisine du Diable), fait tout le sel de l’album. 

Trente ans après leurs premier tour de chants, Les Hurlements d’Léo n’ont rien perdu de leurs forces. Au contraire : plus sec, plus chaud, plus dense, Sirocco n’est pas un disque de vieux routiers qui radotent mais un rappel à promesses Pour les jours qui viennent (sublime conclusion musicale). Les promesses que la musique puisse encore servir à rassembler, à donner des forces, à aimer, à vivre, se sentir vivant, à chanter plus fort que la tempête qui secoue notre époque. Voilà un vent chaud qui traverse l'âme et qui fait preuve éclatante qu’on n’étouffe jamais tant qu’on chante ensemble, en cœur.

Tracklist
01 - Il en faudra des soleils
02 - Sirocco
03 - D'autres rêves
04 - Mauvais garçons
05 - India Sunday Pelouz
06 - Matador
07 - Sweet Liberté Chérie
08 - Takité la casa
09 - Litanie
10 - Nathalie naphtaline
11 - La cuisine du Diable
12 - Pour les jours

19 septembre 2025
At(h)ome

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