The Apartments – That's What the Music Is For (2025)

Tony, le

Voilà un album qui ne cède pas à l'urgence, ni aux effets de mode. À l'image de ce groupe, l'éternel retour de la formation est toujours un événement, une bulle hors du temps où l'élégance mélancolique se taille la part du lion. Leur nouvel opus, That's What the Music Is For, paru ce 17 octobre 2025, est la parfaite illustration de cette trajectoire singulière face à la fuite du temps. Je l'écoute aussi comme refuge pour ralentir. Je suis en vacances, je traîne, je regarde l'automne s'effeuillé doucement et je suis bien. C'est à ça que sert la musique. 

Après le somptueux In and Out of the Light (2020), The Apartments revient avec huit nouvelles compositions qui confirment le statut de Peter Milton Walsh son leader comme maître orfèvre de la chanson pop-rock au spleen raffiné. Dès les premières mesures de It's a Casino Life, je retrouve l'atmosphère enivrante et réconfortante des Apartments : une pop de chambre ample et cinématographique, souvent dominée par des arpèges de guitare cristallins ou des accords de piano subtils, et rehaussée par la présence discrète mais essentielle de cuivres et de cordes. J'ai une terrible envie de flâner sur la promenade de Cabourg ou ailleurs tant que la mer est aussi grise que le ciel. Tout en parcimonie exquise, chaque note maximise l'impact de mes émotions d'écoutes.  Afternoons est magnifique. De quoi fermer les yeux pour savourer la voix de Walsh qui danse avec celle de Natasha Penot. Une voix fragile mais rassurante, vibrante et murmurée comme fil conducteur de ces huit complaintes. Elle donne aux textes une dimension profondément intime, évoquant les thèmes chers à l'artiste, l'amour, la perte, la mémoire et le temps qui passe. Un morceau comme le single A Handful of Tomorrow distille une mélancolie douce-amère, portant un espoir fragile au milieu du désarroi. L'album atteint un sommet avec Death Would Be My Best Career Move où la torpeur hivernale n'est jamais loin. A retenir aussi la reprise The American Resistance, adaptation du titre Aéroport de Pauline Drand, qui trouve sous la plume de Walsh une nouvelle profondeur.
Sans réel surprise, That's What the Music Is For est un disque d'atmosphère, à écouter au crépuscule, lorsque les lumières s'éteignent et que les pensées s'aiguisent. Il ne bouscule pas les acquis, mais les magnifie. C'est le genre d'album qui aime s'installer lentement dans le cœur pour ne plus le quitter. Faut-il au moins en être réceptif, mais qui peut refuser ce plaisir ? Si à quoi sert la musique ? 


Tracklist
01 – It’s a Casino Life
02 – Afternoons
03 – A Handful of Tomorrow
04 – Another Sun Gone Down
05 – That’s What the Music Is For (When the Fair’s Over)
06 – Death Would Be My Best Career Move
07 – The American Resistance
08 – You Know We’re Not Supposed to Feel This Way

17 octobre 2025
Talitres

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