Roseland - Beyond the Usual (2025)

Avec Beyond the Usual, Roseland – alias Émeline Marceau – livre son troisième album, et je me suis rapidement retrouvé happé par son univers électro-pop shoegaze, dense et profondément émotionnel. Composé entre 2021 et 2023, ce disque résonne comme un journal à vif, traversé par les deuils, l’après-pandémie et la naissance de sa fille. Onze morceaux qui avancent sur un fil tendu, entre mélancolie franche et élans lumineux.

Dès le premier morceau Cycle, il s’insinue lentement, s’installe sous la peau et finit par faire vibrer quelque chose de profondément intime. Roseland y transforme ses failles, ses deuils et ses renaissances en une matière sonore aussi fragile que puissante. Ce qui me frappe d’emblée, c’est cette manière qu’elle a de faire cohabiter la douceur de mélodies pop avec des textures électroniques parfois rugueuses, presque bruitistes, héritées du shoegaze. Une froideur synthétique apparente, vite contrebalancée par des harmonies délicates. Chaque titre installe un climat, une émotion précise, comme autant de fragments de vie traversés par des contradictions permanentes entre drame et espoir. Low par exemple aborde la disparition et le temps qui s’effrite avec un spleen ravageur, porté par des nappes électro-pop qui viennent doucement frotter les cicatrices. À l’opposé, Devotion Song explose comme un hymne pop lumineux et énergique, incarnant la dévotion maternelle et une forme de renaissance émotionnelle. Rythmiques efficaces, guitares rock, refrain accrocheur : un véritable rayon de soleil qui perce le brouillard. Il y a aussi des morceaux comme Tell Me Something Sweet, enveloppant et atmosphérique, ou Drifting Apart, aux accents de nouvelle new wave, jouent habilement avec les montées en tension et les déflagrations électrorock, oscillant sans cesse entre épure pop et mur du son pour proposer quelque chose au-delà de l’ordinaire. C'est ce qui rend Beyond the Usual particulièrement marquant à mes oreilles, c’est sa capacité à dépasser les codes attendus de l’indie pop. Roseland pour créer ses jolies mélodies y injecte une charge émotionnelle forte et une richesse instrumentale qui l’emmènent clairement sur des sentiers lumineux pour proposer à l'auditeur de vivre l'album comme un cœur sous pression, prendre part aux sensations à travers des élans retenus et de véritables éclats de grâce comme avec A Pièce of You, A Lover For No One sur l'amour utopique ou encore l'optimisme envoutant Bring You Blues. Enfin, tout comme son précédent album Unsaid Words chroniqué sur Break musical, la pochette est magnifique. 

C'est un disque à fleur de peau, capable de transformer la mélancolie en énergie brûlante. Roseland y affirme une identité forte, sincère, capable de conjuguer l’émotion brute à une ambition sonore maîtrisée. Un style singulier, naviguant avec une élégance fiévreuse et une révolte sourde entre sensibilité pop et pulsions sous tension. Ici, à l'écoute on ressent que la mélancolie n'est jamais résignée et la lumière finit toujours par percer. C'est un disque habité, à écouter d’une traite, qui rappelle que la musique peut encore être ce lieu rare où l’on se reconnaît sans détour.


Tracklist
01 – Cycle
02 – Bring You Blues
03 – Slow Down
04 – Devotion Song
05 – A Lover For No One
06 – Low
07 – Tell Me Something Sweet
08 – Roses
09 – Drifting Apart
10 – Love And Cigarettes
11 – A Piece Of You

21 novembre 2025
Roseland Music

www.facebook.com/roseland
www.roseland.bandcamp.com 

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