Rodolphe Burger - Replay Kraftwerk (Radio-Activity 2025)
On touche à Kraftwerk ? Je bande d’espoir et je flippe en même temps. Radio-Activity (qui fête ses 50 ans cette année), ça fait trente ans que je le trimballe dans les oreilles comme une relique radioactive. Reprendre du Kraftwerk ça peut donner un petit coup de chaud, mais comme c'est Rodolphe Burger qui s’y attaque la confiance est de mise…

Lui, sa voix de roc qui fume, ses guitares traversées de fantômes, je l’aime bien et ici, ça fonctionne. Pas dans le sens propre du terme, non. Ça fonctionne comme une vieille radio qui grésille, qui te murmure une phrase qui te file la chair de poule. Loin de la simple copie, cette œuvre est une véritable déconstruction-reconstruction portée par la voix, la guitare de Burger et les claviers de Julien Perraudeau. Le pari est risqué, mais le résultat est fascinant. Là où Kraftwerk cultivait une attitude froide et impassible pour incarner l'ère technologique, Burger y décèle un lyrisme et une sensualité profonde. C'est précisément cette chaleur qu'il injecte dans la formule originale. L'apport de Rodolphe Burger est immédiatement reconnaissable, notamment par sa guitare qui vient zébrer l'électro-pop, lui conférant une texture post-rock ou krautrock plus organique. L'album bascule du royaume des robots à celui des hommes mélancoliques. Rodolphe Burger ne joue pas à l’archiviste. Il ouvre Radio-Activity comme on dissèque un cadavre célèbre, pour voir ce qu’il y avait de vivant dedans pour un hommage inattendu. L'introductif Geigerzaehler est organique. Il s’infiltre sous la peau. Dans Ätherwellen et Antenne, les sons tournent comme des moustiques autour d’une ampoule, et la voix de Burger ajoute une tension qui scintille. Ohm Sweet Ohm devient un mantra industriel limite sensuel (tout dépend de l'orgasme que l'on désire). L’original s'évapore et la reprise pulse, elle te met le cœur au pas. Hypnotique, oui, mais avec un petit côté transe de fin du monde planant. Nachrichten, c’est toujours les annonces radio, les spectres, les signaux perdus… mais chez Burger ça devient presque une confession à voix basse, crachée par un haut-parleur poussiéreux et j’en ai des frissons. Ce Replay Kraftwerk n’est pas un album de reprises lambda, encore moins une révérence. C’est un miroir qu’on tend à un vieux chef-d’œuvre, et dans lequel, soudain, on voit un nouveau reflet. Parce que Rodolphe Burger n’essaie pas de refaire Kraftwerk. Il leur ouvre simplement la chemise pour montrer qu’il y avait un cœur là-dessous, un vrai. Ça m’a remué plus que je veux bien l’avouer, j’ai eu l’impression de redécouvrir un truc que je connaissais par cœur. Me suis retrouvé fasciné comme un môme devant une console allumée dans l'obscurité de la nuit. Excellente surprise ! Excellent album !
Tracklist
01 - Geigerzähler
02 - Radioland
03 - Ätherwellen
04 - Sendepause
05 - Nachrichten
06 - Die Stimme der Energie
07 - Antenne
08 - Radio Sterne
09 - Uran
10 - Transistor
11 - Ohm Sweet Ohm
12 - Radioaktivität
04 novembre 2025
Dernière Bande
www.rodolpheburger.com
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