Laura Cahen - Nord

Quand on glisse l'album de Laura Cahen dans son mange-disque, tout est soudain suspendu, le calme absolu des jours d'hiver s'agite et le printemps semble se poser sur ce beau disque saisissant. Un premier album gorgé de poésie à fleur de peau, de romantisme délicat.


Quand on glisse le premier album de Laura Cahen dans son lecteur, de belles sensations s'en dégagent. Des vapeurs fragiles se libèrent, une douceur dominicale s'installe et l'esthétisme de la production se matérialise en onze chansons qui se déclinent en quatre chapitres. Une démarche artistique et personnelle, intimiste un peu, « J’écris ce disque depuis longtemps déjà, écoutant le temps, les saisons, empreinte de l’histoire de ma famille et de mélancolie » explique l'artiste. 
D'une écriture instinctive et d'une voix à la Barbara, Laura Cahen nous entraîne dans son univers singulier, porté par des sonorités pop et atmosphériques, au gré des saisons. Sur les onze pièces de l'album, la jeune Nancéienne superpose les textures, en diversifiant le tempo jouant de sa plume jusqu'à en faire une prose imagée qui laisse l’auditeur que je suis contemplatif. Dit comme ça, ça paraît audacieux, mais c'est vraiment le cas. La production est d'une finesse, une sorte de dentelle rare qui s'offre de génération en génération avec son poids de l'histoire, sa valeur sentiment. Loin m’entraîne loin, très loin. Avec son refrain et son chœur aérien qui invite à fuir, à s'évader face à ses réalités... Sublime... Dans un même style avec ses couleurs fantasmatiques et son refrain fantomatique, Froid m'envahit. Les oiseaux, sans manteau ni bonnet, sont allés vers le nord... Une métaphore face aux souvenirs familiaux de la chanteuse, dans une ambiance sombre mais si lumineuse que l'espoir y renaît. Même si tout fout le camp, comme ces oiseaux totalement déréglés par les catastrophes écologiques, qui s'en vont vers les pays du froid, au lieu de migrer vers des pays plus exotiques. C’est écrit, c'est chanté, c'est joué avec une intelligence et une subtilité qui fonctionne. Un autre titre qui retient particulièrement mon attention, est la deuxième chanson du quatrième chapitre Feu. Une ode a la Tim Burton autour d'un bûcher, aux secrets que l'on garde à jamais, une mélodie insomniaque, possédée par un chant absolument divin. 
L'album se termine avec Les cigognes. Une mélodie gainsbourienne dans un tableau de Hopper. Une mélancolie crescendo, des éclats sonores, une explosion de sentiments, un feu d'artifice lyrique... Une femme, dans les années 50, attend son mari sur le balcon de leur belle et grande maison... Sept minutes de bonheur musical. Sept minutes qui résument un album juste parfait. Laura Cahen est une belle et grande artiste. 


Nord, le premier album de Laura Cahen s'est éjecté de mon lecteur. Soudain il y a eu ce silence. Suivi de ma stupéfaction. Le temps est suspendu, le calme absolu des jours d'hiver s'agite toujours et mon cœur vient d'être rempli de poésie à fleur de peau, de romantisme délicat. 
Je relance l'album au plus vite. 

Tracklist
Chapitre 1 - Au nord l'automne est bleu
01 - Loin
02 - Réverbère
Chapitre 2 - Hiver orage
03 - Froid
04 - Je sombre
05 -   La pluie
Chapitre 3 - Rouge printemps
06 - Roseaux
07 - Ça dépend des saisons
08 - Mai
Chapitre 4 - L'été noir
09 - Amer
10 - Feu
11 - Les cigognes

24 février 2017
Bellevue / Differ-Ant

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