JF Pauzé - Les amours de seconde main (2025)

Ça serait mentir de dire que je ne suis pas encore secoué. Voilà des heures que l’album a pris fin, et ses chansons reviennent dans ma tête et dans mon cœur comme des échos qui refusent de partir. Je veux vous partager ce bonheur, en essayant de trouver les mots. 

On connaissait la plume de JF Pauzé comme la colonne vertébrale des Cowboys Fringants, mais jamais encore on ne l’avait entendue porter ainsi sa propre voix. Avec Ballon-sonde, dévoilé le 18 juin 2025, j’ai eu la sensation de redécouvrir un visage familier : la fragilité, la gravité, l’aveu d’un deuil impossible à nommer. Ce « tout est plus triste depuis que tu es parti, mon ami… » était frappant comme une confession chuchotée à l’oreille. Aujourd'hui, découvrir Les amours de seconde main, c’est retrouver cette écriture à la fois acérée et tendre, profondément ancrée dans le réel. Pauzé continue de regarder le monde avec sa lucidité sociale, mais il s’y dévoile aussi autrement. Mise en avant, le voilà maintenant, plus nu, plus vulnérable. La guitare acoustique, la rythmique feutrée, les nappes discrètes qui s’invitent par touches… rien ne respire la retenue. Il n'a rien a prouver et ce premier disque, impressionnant d'élégance et d'énergie, se dépose sur l’auditeur comme une main amicale. 

De ce côté-ci de l’Atlantique, je ne m’attendais pas à être bouleversé aussi vite, aussi vif. La première écoute de Ballon-sonde m’avait arraché des larmes. C’était comme tendre la main à un douloureux souvenir en trouvant au bout, une voix que je connaissais sans l’avoir jamais écouté. Ah oui la voix ! Cette voix sublime ! Le ton aussi. L’affirmation. La tête haute. Le micro qui porte. Et ce grain sensible, intime, proche. Tellement magnifique que, les yeux fermés, j’ai l’impression que Karl est encore là, quelque part, dans un coin de mon cœur.

À la première écoute, une chose est claire : ce n’est pas un disque après les Cowboys. C’est autre chose.
Autre chose, oui. Pas une suite, pas un prolongement forcé, pas une tentative de refaire. C’est un geste à part, porté par la même intensité, mais avec sa propre lumière. C’est un premier souffle fringant en solo, un pas de côté nécessaire, Puisqu'il faut… L'incroyable introduction qui annonce la couleur d'un disque où JF Pauzé assume l’héritage immense des Cowboys Fringants tout en traçant sa propre route, à hauteur d’homme endeuillé cherchant l'horizon. J'aime les bouts de mélodies aux accents celtiques, un petit air de mes bretons de Soldat Louis sur Fond d’pichet sale de sangria, j'aime ce folk-rock festif comme sur Le clash où il reste fidèle à ce qu’il a toujours été, engagé, poète du quotidien, critique d’un monde bancal. J'aime aussi quand il s’autorise un espace plus intime, où sa vulnérabilité est force comme pour nous offrir une chanson mélancoliquement belle comme Un chez toi, petite sœur de Sous-sol, comme Emmêlé dans ses ch’veux, merveille de poésie, comme La route du Nord, dernier titre pour s'arracher définitivement les dernières larmes dans un chagrin-bonheur réconfortant. Les pépites se comptent des deux mains. 

Finalement, Les amours de seconde main sous ses apparences d’émancipation douce est à la fois sobre, festif et essentiel. C'est une promesse de concerts où l'on va danser, chanter et pleurer plus que jamais. Pour moi il n'est pas là pour remplir le vide laissé par les Cowboys, mais il ouvre une nouvelle brèche dans laquelle je suis entré à pas décidés… pour ne plus en sortir. Mon cœur est brassé et tout est un peu moins triste depuis qu'il chante, notre grand JF…

Tracklist
01 - Puisqu'il faut
02 - Ballon-sonde
03 - Fond d'pichet sale de sangria
04 - Un chez toi
05 - Le clash
06 - Simplicité involontaire
07 - Les amours de seconde main
08 - Bisous
09 - Sudbury
10 - Emmêlé dans ses ch'veux
11 - La route du nord

03 octobre 2025
La Tribu


www.jfpauze.com
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Commentaires

  1. Anonyme3/10/25

    Cette chute est magnifique ! bien dit l'ami français !

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  2. Anonyme4/10/25

    Merci pour cette chronique! Vingt ans que la plume de JF met des mots sur mes émotions, et ces mots me font le même effet. Le "chagrin-bonheur réconfortant", c'est tout à fait ça.

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