Cali - Ces jours qu'on a presque oubliés, vol 1


En découvrant ce nouvel album, je me suis rêvé heureux. Léger et mouvant, loin de ma bulle, flottant dans l'air sans aucune opposition. J’ai rêvé ne faire qu’un avec le violon de Steve Wickman, me caresser de ces notes, m’enivrer des tourbillons qu'elles procurent, et pour m’en approcher davantage, j’ai évoqué certains souvenirs. Pour boire avec les fantômes de mes ami(e)s et retracer les chemins sur la carte de ma mémoire, de Perpignan à Montréal, de Toulouse à Bruxelles, de Lille à Bordeaux. J'ai fermé les yeux pour jouer avec la gravité du piano de Julien Lebart et m’envoler loin de mon exil breton, le temps d'un disque. 2003-2022 en dix albums jusqu'à ces jours qu'on a presque oubliés (presque). Mais c'est impossible d'oublier, pas vrai Bruno ? Derrière ma fenêtre, je respire les rayons d'un soleil automnal que je trouve fantastique et je souris. Les enceintes diffusent les nouvelles mélodies de Cali et viennent se mélanger à la lumière dans un grand brasier où je vois se croiser mes pensées et les chansons du sensible Catalan. J’ai inventé des avions en papier qui planent en suivant le courant du souffle de la trompette de Blaise Margail. Et puis petit à petit mes avions ont rejoint les cœurs debouts de mes fantômes, là-haut dans le grand bleu du ciel d'octobre, en procession vers un horizon rempli d'images et d'amitiés.

Ce disque qui tourne comme ma vie, dans le salon, derrière la fenêtre, c'est un bout de rien, mais pourvu qu'on ai l'ivresse, toujours, comme à chaque fois. Dans le trou de mon autisme qu'il a empli de toute sa musique, le jour, les nuits, chaque instant depuis ces rencontres bénies est un incendie de bonheur dans un des tiroirs de mon cœur. Ces jours qu'on a presque oubliés en mode répétitif, je repense à ces lieux, à la Maroquinerie, aux fleurs sur la tombe d'Alain Bashung, au Couvent des minimes de Perpignan, aux rues de Vernet-les-bains, à ces salles de concerts, aux nuits parisiennes, aux nuits bruxelloises je pense à vous, à toi Séverine, à toi Isabelle, à toi Carine, à toi Romanie, à toi Pépito, à toi Delphine, à toi Loreleï, à toi Arnaud, à Emilie, Vanessa, Jenny, Marion, Estelle, Marianne, Françoise, Florence, Xavier, Cécilia, Albane, Anne-Sophie, Anne-Lise, Elodie, Sophie, Céline... 
Je sais que vous aussi.  

Je me suis réveillé.
Un truc de Terrien qui manque cruellement de sensation aérienne. J’ai levé les yeux vers le disque qui tourne dans le vide, du silence sur mes mains je caresse la pochette pour Lâche pas, Je sais que toi aussi, Pobrecita, Alain Souchon, T'es où Lili, Comme un avion de papier, Ces jours qu'on a presque oubliés... Le même geste que j'affectionne depuis tant d'années maintenant, ces moments que la vie voudrait m'arracher comme si c'était quelque chose de trop vivant. Une tramontane de sentiments souffle même ici en Bretagne. Dans ce tourbillon émotionnel, je rêve que je ne me réveille pas, des avions de papier plein le ciel. Je me suis rappelé la beauté, la légèreté, le désir constant de se sentir en vie, j’ai hurlé en moi contre l’insouciance qui dévaste quand elle n'est plus là. Cloué à ces quelques titres, je ravive les souvenirs de nos envolées partagées et arrachées à la pesanteur du monde, de ces bouts de rien qui remuent encore sous ma peau. Des mots pour vous sur un papier plié pour en faire un bel avion, ses chansons, vos sourires, tout va bien.

J’ai repensé à Pablito qui se rêvait rêveur.
Je ne lâcherai jamais.


Tracklist
01 - Lâche pas
02 - Hey les amoureux
03 - Probrecita
04 - Je sais que toi aussi
05 - Je serais là
06 - Où vont-elles ?
07 - Alain Souchon
08 - T'es où Lili
09 - Comme un avion de papier
10 - Ces jours qu'on a presque oubliés
11 - Et les larmes tombent sur mes manches

14 octobre 2022
Verycords

www.facebook.com/brunocali
www.calimusic.fr 

Commentaires

  1. Je viens de relire ta chronique, et j'en sors émue. Chez moi aussi plein de souvenirs resurgissent, de "la grande époque du forum" comme je l'appelle. Séverine et toi êtes mes deux plus belles rencontres, puis d'autres sont venues s'y ajouter au fil du temps et des concerts.
    De la Maroquinerie en mars 2009 à aujourd'hui, que de souvenirs engrangés, que de moments partagés. De tous ces jours, je n'ai rien oublié, ou presque, si ce n'est quelques détails sans importance. Et si c'était à refaire je ne changerais quasiment rien.
    Merci à Cali pour ce bel album et pour les belles rencontres, merci à toi pour cette chronique et pour tout le reste.

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