iAROSS - Ce que nous sommes (2025)

Le rock poétique de iAROSS est de retour. Loin de se laisser enfermer dans une case unique, le groupe explore encore une fois cette fusion audacieuse entre chanson française, post-rock et expérimentations sonores, s’inscrivant ainsi dans la tradition des artistes qui préfèrent questionner plutôt qu’affirmer.


Pour preuve, il y a une réflexion palpable dès le premier morceau éponyme qui amorce l'album. Nous sommes, concept humain et complexe qui se construit et se détruit à travers plusieurs dimensions. Ce que nous sommes, façonné par nos expériences, nos souvenirs, nos croyances et nos aspirations. Ce que nous sommes par l'amour, par le lien à la nature, par la recherche de sens, par l'ouverture... On survole vite les frontières, deuxième extrait que je découvre : Tangue avec Adil Smaali du groupe Aywa. En arabe, en occitan, en créole, la poésie emmerde le conventionnel. Ce que nous sommes, c'est ce que je suis. Ce que je recherche, ce que je veux, pour ne pas oublier, pour ne pas se perdre, pour réfléchir, ne pas fléchir. J'adore la voix de Adil Smaali et c'est une très belle découverte. Tout comme Là où tout brûle  avec Carlo de Sacco de Grèn Sémé. Entre ces titres, il y a aussi Libre que j'aime beaucoup. Héritage à mi-chemin entre Alain Bashung et Noir Désir, la voix de Nicolas Iarossi m'annonce le printemps. Celui dont on aime la chaleur, les couleurs, la légèreté, la joie, la liberté en somme. Respire est aussi un titre au nom évocateur et à la mélodie soignée où les instruments dialoguent dans une alchimie subtile loin des atmosphères pesantes qui nous entourent. Après le délicieux Amour et l'intrépide Cœur mécanique, on comprend pourquoi iAROSS joue avec les contrastes, n'hésitant pas à bousculer les shémas à l'image des doutes et certitudes qui habitent ses textes. Le vent souffle avec sa ligne de trompette lancinante oscille entre mélancolie et menace sourde, tel cet orage aux nuages lourds que l'on observe à l'horizon et dont on espère vite ressentir ses brassements d'air. Oui c'est ça, ce morceau quasi-instrumental procure ceci dans le ventre, avant que la dernière minute chantée laisse l'auditeur suspendu entre gravité et espoir. C'est parfait pour se lancer dans les premières notes de Orange bleue, avec le groupe Barrut. Une douce électricité parcours mon corps à l'écoute de ce titre qui invite à tout lâcher. Casque sur les oreilles, volume à fond, c'est déchirant de beauté. Ça monte, ça monte, ça monte et ça vient, ça s'embrase en une catharsis libératrice. Ce morceau se moule dans vos oreilles en multiple pépites. L'album se termine avec le superbe Alix qui résume que derrière la puissance affichée, assumée et assurée de l'album, se cache chez iAROSS une fragilité touchante, des émotions sans artifices, où la poésie du quotidien prend le pas sur la fureur intérieure. Un nouveau disque qui interroge, où on se questionne, qui fait danser, qui fait aimer la musique, qui fait voyager en laissant une empreinte durable quand la musique s'arrête et qui laisse une lumière dans un paysage aride d'une force poétique qui n'étiquette que la marque des grands albums.


Tracklist
01 - Nous sommes
02 - Libre
03 - Tangue
04 - Là où tout brûle
05 - Respire
06 - Mon amour
07 - Coeur mécanique
08 - Le vent souffle
09 - Orange bleue
10 - Alix

21 février 2025
Le cri du charbon


Commentaires

Les articles les plus consultés du moment

Le temps qui reste de Serge Reggiani

Marie-Annick Lépine - Le coeur est un rêveur (2025)

Arman Méliès - Ambrosia (2025)

AM Higgins - The Dream Traps (2025)

Détroit - L'Angle (2024)