Yann Tiersen - Rathlin from a Distance | The Liquid Hour (2025)

Parfois, on peut avoir le vouloir et le pouvoir... mais Yann Tiersen comme à son habitude à le savoir. Le savoir faire, ce petit quelque chose qui fait virevolter mon âme à chaque écoute.

Que dire, que dire, que dire… Les voilà enfin, les grands espaces. Le vent caressant l’eau, les tourbières qui s’étirent et la mélodie qui s’infiltre comme une brume légère. Il n’y a pas de retour en arrière ici, juste un lent glissement vers l’horizon, porté par le souffle d’un piano qui résonne comme un battement de cœur oublié.

Je vais y aller franco et je l’ai déjà dit. Yann Tiersen, c’est plus qu’un compositeur, c’est un passeur d’émotions. Depuis mes vingt ans, ses notes ont tissé la bande-son de mes errances, de mes rêves à contre-courant. Des accords de La Valse des Monstres à la gravité brute de EUSA en passant par Dust Lane, il y a toujours cette capacité à saisir l’instant pour suspendre le temps, à nous donner l’impression d’exister pleinement dans l’éphémère et surtout à sortir du cadre que la société nous impose, surtout, surtout quand la poésie nous tend sa main.

Et même des années après ses premières envolées, Tiersen garde cette intensité unique, ce fragile équilibre entre mélancolie et plénitude, que l’on retrouve dans ce double album Rathin from a Distance et The Liquid Hour….. C’est un double disque de passage, de transitions, un carnet de bord où chaque note est une écluse s’ouvrant vers une nouvelle lumière. Il y a la tranquillité d’une aube solitaire, le frisson d’une traversée sous la pluie, l’ombre d’un souvenir qui dérive doucement sur l’eau. La première partie, est une suite de pièces pour piano, délicates et méditatives, inspirées de lieux visités lors de sa tournée en voilier. Elle évoque le silence, la solitude et la beauté brute des paysages. La seconde partie, bascule dans une énergie électronique, plus radicale et politique, avec des sons psychédéliques , pulsations hypnotiques, fragments de voix avec celle d'Émilie Quinquis. et messages engagés. Ensemble, les deux volets composent un voyage intérieur pour l'extérieur, entre contemplation et tension, entre liberté et admiration.

Ninnog, c’est ce moment où je m'abandonne. Où je me se laisse porter, sans chercher à savoir où il va m’amener. Chaque morceau est une respiration, un regard jeté sur le rivage avant de repartir. C’est la voix du vent qui raconte les histoires que l’on croyait perdues, les reflets du passé qui dansent à la surface d’une rivière éternelle. Écouter (vraiment) Tórshavn, Caledonian Canal, Ninnog at Sea, Dolores, c’est prendre le large sans quitter son fauteuil. C’est ressentir les éléments de la nature, c'est ressentir le froid mordant d’une matinée Ouessantine et la chaleur d’un souvenir d’enfance méditerranéen couplé à mes actuelles palpitations bretonnes. La mer n'est jamais loin. C’est, au fond, accepter que tout soit en mouvement comme les vagues épousant la coque d'un bateau, que rien ne se fige, et que la beauté naît précisément dans ce glissement perpétuel entre hier et demain devant un horizon toujours plus beau malgré tout. Éteignez la télé et prenez le large.


Tracklist
01 - Ninnog    
02 - Fastnet
03 - Rathlin from a Distance
04 -Tórshavn
05 - Norðragøta
06 - Papa Stour
07 - Bigton
08 - Caledonian Canal
09 - Stourm
10 - Ninnog at Sea
11 - Arne
12 - The Liquid Hour
13 - Dolores 

04 avril 2025
Everything's Calm


www.yann-tiersen.bandcamp.com
www.yanntiersen.com

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